Mes mille et une nuits à lire
Blog d'un lecteur assidu
E mmanuel Carrère aime, pour paraphraser un de ses titres, "les autres vies que la sienne". Nous l'avons vu dans ce blog avec Limonov Ed. Limonov, balise argos jetée dans le chaos russe (Emmanuel Carrère) . Il aime ces personnages improbables, qui recèlent...
"Il n'y a rien de plus confortable que de ne pas penser". Simone Weil. A la fin de sa vie, Simone Weil (pour ceux qui voudraient en prendre connaissance de manière aussi agréable que rapide, il y a "L'insoumise", essai biographique de Laure Adler), alors...
A h ces païens.... Lisez donc Lysistrata , cette pièce comique écrite en 411 avant notre ère, par l'athénien Aristophane ... Absolument jubilatoire, osé, limite "groland" (voire totalement). Et Aristophane n'était pas un marginal, un auteur clandestin...
P remier roman réussi que ce "Brut" de Dalibor Frioux qui parvient à surnager un peu, grâce à la critique et aux conseils avisés des libraires, dans la marée de cette rentrée littéraire où on ne sait se repérer. Le sujet est original et ambitieux : la...
L a hausse de la TVA à laquelle nous sommes appelés à sacrifier, pour expier les pêchés de la paresse, du farniente, de la facilité assistée, de l'indolence, de cette vie de Cocagne que nous vivons (si on en croit notre Premier Ministre)... est en elle-même...
A vec "Le Bloc", Jérôme Leroy nous livre un roman noir politique de bonne facture. Je viens de le lire pendant cet entre deux tours de législatives. Quinzaine sinistre qui aura vu la digue dressée par De Gaulle entre la droite dite républicaine et les...
E n guise d'apéritif à un prochain bifton sur le super baroque "La vie mode d'emploi", voici quelques lignes sur un écrit peu connu de l'attachant et unique Georges Perec : "L'Art et la manière d'aborder son chef de service pour lui demander une augmentation"....
Q uand j'étais gamin, j'avais souvent recours à la pensée magique. Si je parvenais à faire rouler un caillou du collège jusqu'à chez moi, c'était un 15/20 garanti à l'interro dont je sortais... De ces petits jeux conjurant l'angoisse, l'écrivain israëlien...
J 'ai lu " Le maître ignorant " du philosophe Jacques Rancière , censé être un texte important sur la pédagogie. Le fleuron d'une certaine pensée égalitaire (Rancière est un de ces penseurs fidèles au communisme, qui reviennent actuellement sur le devant...
E lle date un peu, mais elle n'a rien perdu de son intérêt, c'est l'anthologie de la pensée sur la Ville réalisée en 1965 par Françoise Choay. Anthologie publiée sous le titre "L'urbanisme, utopies et réalités. Une anthologie" (disponible en édition de...
"Contes des sages..." . Ainsi sont intitulés ces petits recueils attirants publiés au Seuil sous l'égide d' Henri Gougaud . Des jolis petits objets richement illustrés, pas forcément destinés à une lecture continue, mais plutôt à être picorés. Lectures...
" Personne ne vous donnera la liberté. Personne ne vous donnera l'égalité ou la justice, ou quoi que ce soit. Si vous êtes un Homme, vous vous en emparez". Malcom X J e viens de lire l'Essai "La Force de l'ordre" de Didier Fassin, travail anthropologique...
L e tome 2 de "Quai d'Orsay" (Christophe Blain/Abel Lanzac) est encore plus délicieux que son prédecesseur. Dans le précédent, nous suivions les premiers pas d'Arthur, jeune débutant au Cabinet du Ministre des Affaires Etrangères, très inspiré de Dominique...
2012. La lecture fléchit, incontestablement. Dans les statistiques, cette mauvaise nouvelle est masquée par la prise en compte de tas de productions écrites qui n'ont pas de rapport avec ce qui nous occupe ici : la littérature, la poésie, la philosophie,...
Lors du dernier 11 novembre, une polémique a surgi sur la nécessité de conserver les commémorations, sur le sens à leur donner, sur la place à donner aux mutins de 1917. Dans ce débat, la droite est à l'aise : elle joue sur la fibre patriotique et le...
J 'ai lu d'une seule traite la biographie (la première à ma connaissance) de Jean-Luc Mélenchon écrite par deux journalistes : Lilian Alemagna, Stéphane Alliès . Elle est intitulée "Mélenchon le plébéïen". C'est ici un blog de lectures et non un blog...
Comme beaucoup, je suis fréquemment dubitatif devant les oeuvres d'art dites contemporaines. Force est de m'avouer qu'à de rares exceptions (Francis Bacon par exemple, et ce n'est pas un hasard s'il s'agit d'une oeuvre figurative), la plupart des artistes...
D ans ce Blog, j'ai déjà manifesté mon inclination pour la Renaissance, à travers Léonard de Vinci ou Montaigne. La Renaissance est le printemps de l'humanité, ce moment inouï où tout foisonne après une longue et relative hibernation. Il me semble que...
L'art est politique. Il n'y a pas d'esthétique neutre, car la culture interpelle, intervient dans la société. L'art a toujours une dimension sociale, ne serait-ce que par son retrait (si on suit Sartre, la passivité est une action), mais dire cela ce...
J e n'essaierai pas forcément de vous persuader de lire " Capitalisme, désir et servitude (Marx et Spinoza)" de Frédéric Lordon ... Il est des moments où la machinerie technique dingue qui vous envahit et vous condamne à l'hétéronomie, mais encore votre...
L e changement, c'est toujours possible. Le monde n'est pas condamné à l'état stationnaire ou à la décadence et rien n'est joué. Pour y croire, pour s'en convaincre, la lecture du petit roman nerveux et condensé de Toni Morrison, "Home", est d'une belle...
Christine de Pisan , qui vécut les temps peut-être les plus agités de la guerre de cent ans : la guerre civile entre armagnacs et bourguignons en particulier, la reconquête ensuite, est la première femme de lettres française identifiée par nos historiens...
A ujourd'hui je vous propose un petit entracte sous forme d'un poème. Un de ceux qui me trottent dans l'esprit. Il affleure de temps en temps. Un des rares poèmes de René Char qu'on ne saurait qualifier d'hérmétique, issu de ce recueil incomparable :...
J' aurais du vous parler aujourd'hui des écrits de Walter Benjamin sur Baudelaire. Mais voila je n'y comprends rien ou si peu. Et ça m'exaspère... Donc, au mieux j'y reviendrai un de ces jours, au pire je livre ces essais littéraires obscurs aux brasiers...
" Présent et avenir" est en quelque sorte le testament intellectuel de Carl Gustav Jung, psychologue majeur, bâtisseur de la psychanalyse avant de rompre avec Freud. La lecture de ce petit essai parfois un peu opaque malgré une écriture limpide (pour...
Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).
D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.
Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.
Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk.
Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.
De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».
J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.
Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.
Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…
Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.
Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.
Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.
Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.
J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.
Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.
Jérôme Bonnemaison,
Toulouse.