Mes mille et une nuits à lire
Blog d'un lecteur assidu
Alastair Campbell est devenu romancier après avoir été le conseiller en communication de l'infâme politicien que fut Tony Blair. Ma première surprise en lisant son roman bien construit, "Tout est dans la tête", c'est de me retrouver face à quelqu'un de...
Le tout début de l'Empire Romain est décidément un miracle littéraire. Cicéron, Virgile, Ovide ... Ouah. La question se pose de savoir s'il y a des conditions générales à dégager pour décrire un "bain" propice au génie littéraire. A vrai dire, c'est une...
A près avoir lu il y a tout juste un an le fascinant "La pierre et le sabre", classique japonais d'Eiji Yoshikawa , chroniqué dans www.mesmilleetunenuitsalire.over-blog.com, je viens de finir avec le même délice, sans doute amplifié par le crescendo final,...
Pasolini était un prophète, intellectuellement. Il a saisi très vite toutes les implications de l'apparition d'un capitalisme de consommation, en avance sur son temps, et a subi toute la violence de cette conscience là, presque incommunicable. Cette violence...
Let the poets pipe of love in their childish way I know every type of love Cole Porter J’apprécie les livres de Ruwen Ogien , qui de son propos toujours extrêmement simple, dénué de tout jargon, bref démocratique, déboulonne ce qui subsiste des pensées...
Le souvenir des enfants d'Izieu s'est télescopé dans mon esprit avec l'horreur subie par les enfants d'Alep à cette seconde. Les enfants n'ont jamais échappé à la barbarie déchaînée par les adultes "responsables". Le droit international, chemin faisant,...
« Vers la guerre des identités ? De la fracture coloniale à la révolution ultranationale ». Sous la dir. De Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Dominic Thomas « Ni culpabilité, ni haine de soi » Les éditions de la Découverte rassemblent une série de contributions...
L'une des plus grandes stupéfactions du XXème siècle est la soumission volontaire, puis plus tard enthousiaste, du peuple allemand, considéré comme le plus "philosophe" du monde, à la psychopathologie nazie. On a beaucoup écrit à ce sujet, et parfois...
Des livres sur Daesh, on n'en manque pas. Çà pleut. Jean-Louis Comolli en publie un, d'un point de vue inédit et original. " Daesh, le cinéma et la mort" n'est pas seulement un essai, méditation un peu décousue, comme rédigée au fil de l'eau, sur la manière...
De vingt a trente ans deux sentiers de lecture approfondie m'ont beaucoup occupé. Ils sont extrêmement liés. Deux questions majeures me taraudaient. Comment la grande espérance d'une nouvelle aube humaine - la grande lueur venue de l'Est- a t-elle pu...
Quel superbe livre, d'une conception si inhabituelle. La narratrice connaît un immense chagrin d'amour. Elle est quittée par l'amant, un homme connu, qui préfère finalement sa famille et sa femme. Elle vit une tragédie véritable. Et dans ce moment, elle...
En 1965, le couple situationniste constitué de Michèle Bernstein et Guy Debord décide de s'amuser un peu avec la littérature et l'esprit décadent d'une certaine bourgeoisie qui emplit les pages des magasines de leur époque. Ils imaginent un projet et...
Si le fait même de penser, ne peut s’exonérer de la réification, à travers la soumission du langage humain, forme dans laquelle se coule toute pensée, aux exigences de la performance capitaliste (« il faut te vendre »), puisque je suis une marchandise...
Les chrétiens adorent parler du mal. C'est qu'il les fascine, alors qu'ils seraient censés dire au Diable de passer son chemin, comme Jésus. Les chrétiens adorent tout ce qu'ils disent détester, bien souvent (ils ne sont pas les seuls). Ils s'y adonnent,...
Pardonnez-moi un certain esprit de continuité, passager, dans mes lectures. Mon dernier article portait sur "Les diaboliques" de Barbey d'Aurevilly. Celui-ci parlera d'un essai récent, qui s'interroge sur le rapport de l'Histoire à la littérature.......
"Dès qu'on pense, on devient androgyne" Annie Lebrun Dès les années soixante dix, Annie Lebrun a senti, avec beaucoup de lucidité, un mauvais vent dans le féminisme. Elle l'a vu se transformer en volonté de pouvoir. En bonne surréaliste elle a écrit un...
"Tumulte", que je ne manquerai pas de conseiller, est une tranche de mémoire du grand écrivain allemand Hans Magnus Enzensberger, désormais octogénaire bien pesé. Il s'agit d'évoquer une période lointaine, celle de la fin des années soixante, où le déjà...
« Chaque éclat de la musique, dans la nuit, était une incantation qui appelait à la guerre et au meurtre. Les battements de tambour étaient portés au paroxysme, dans l’espoir de se résoudre finalement en sanglantes rafales d’artillerie : je regardais...
« Flamme, annonce-nous, éclaire-nous, montre-nous le chemin où il n’y a plus de retour » Martin Heidegger, discours lors d’un autodafé, 1933. Promenez-vous dans une librairie au rayon philo. Vous y verrez des livres qui confirment la complicité nazie...
. (Partie 2 de l'article, voir partie 1 article précédent sur le blog) (...) Un cœur de pensée national socialiste (la critique de Karl Lowith) C’est un ancien de ses étudiants qui le dit : « Les implications politiques immédiates, c’est-à-dire nationales-socialistes,...
Annie Lebrun avait fort bien saisi, dans son essai "du trop de réalité", cette censure par la démesure qui caractérise notre époque. Tout étant là, tout le temps, rien ne saurait se créer d'incontrôlé. Désormais elle chemine, encore, en opérant le lien...
C’est un petit évènement dans le petit monde qui lit de la philosophie, plutôt que d’apprendre à parler en public ou à coder. Et il tombe à point, particulièrement en pleine crise des Gilets Jaunes en France, et alors que le printemps arabe rebondit en...
Quel livre singulier, comme il en est peu. D’un ton érudit et hyper familier, argotique et grossier, parfois, et assumant l’anachronisme (ce que j’aime bien, ce sont les érudits qui enferment l’Histoire et la philosophie en les préservant de l’anachronisme...
« C’est seulement la conscience de l’origine juridique, politique – et plus tard théologique – du vocabulaire des savoirs de l’Occident qui pourra permettre de libérer la pensée des liens et des signatures qui l’obligent à avancer presque aveuglément...
"François s’accrochait pour sauver sa vie. Pas étonnant qu’il fût terrifié de mourir ! De fait, combien de temps peut-on se cramponner ? Chaque tension résulte de la façon dont nous nous cramponnons à notre « chère vie ». Littéralement, peu importe les...
Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).
D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.
Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.
Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk.
Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.
De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».
J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.
Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.
Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…
Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.
Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.
Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.
Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.
J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.
Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.
Jérôme Bonnemaison,
Toulouse.