Mes mille et une nuits à lire
Blog d'un lecteur assidu
Trois contes, pour terminer une vie d’écrivain. L’Esprit Saint dans un cœur simple Dans la première nouvelle, « un cœur simple » , Flaubert nous propose comme un contrepoint de Mme Bovary. Il réalise la prouesse de faire entrer un monde dans une petite...
Avant de parler de son livre essentiel, « Le sentiment tragique de la vie » (1902), de Miguel de Unamuno, il n’est pas inutile de rappeler l’épisode du fameux discours de Salamanque, son dernier, devant l’amphithéâtre envahi par les franquistes soulevés....
Les livres de Pascal Quignard sont difficiles et déconcertants, surtout quand on a été nul en latin comme moi et qu'on ignore totalement le grec, mais on sait qu'à un moment, une lumière vous touchera si vous êtes patient, sous la forme d'un aphorisme...
La croyance est un besoin puissant dans notre espèce. Elle aide les humains à tenir debout, elle les console, elle donne un sens à leur vie et au monde, et à leur place dans le monde. Qu’elle soit religieuse ou laïcisée. C’est pourquoi quand une personne...
Régulièrement, depuis ma lecture il y a vingt ans de "la vie de Jésus" d'Ernest Renan, je fais un bilan d'étape sur Jésus, d'un point de vue historique. Je suis athée, je précise. Athée respectueux et curieux de l'intérêt des miens, des humains, pour...
"Aujourd'hui, guère moins ignorants ni moins démunis, nous sommes de surcroît perdus dans un monde hors de l'échelle humaine, né dans une explosion, lancé dans un mouvement vertigineux et destiné à périr. Devant lui, les vastes palais de l'Olympe paraissent...
"La tentation de Saint Antoine " est une oeuvre de jeunesse de Flaubert, qui ne laisse pas d'étonner. Elle narre un épisode souvent évoqué par l'art, Bosch par exemple, les hallucinations d'Antoine, érmite chrétien en Egypte, qui vécut au moment où Constantin...
Lors de sa séance inaugurale au collège de France, Roland Barthes affirma ceci : "la langue est fasciste". Hélène Merlin-Kajman (dont j'ai beaucoup aimé le plus récent "Lire dans la gueule du loup", sur la littérature d'effraction psychique) n'en est...
Savez-vous que quand vous pratiquez de la sophrologie vous avez usage d’un outil dérivé de la philosophie de la conscience, ou phénoménologie ? Il est d’ailleurs étonnant de constater la ressemblance entre techniques sophrologiques « cadurciennes », issues...
Sade est fol et génial. Il a le génie des fous (dans son cas au sens où la folie est asociale, nous ne parlons pas de pathologie), dans sa part de lucidité unique (qui n’empêche pas qu’il soit aveugle ailleurs). A un certain degré de lucidité, la vie...
Penser, pour la plupart des penseurs, c’est ordonner. Or, Clément Rosset dégage, dans son ouvrage « Logique du pire, éléments pour une philosophie tragique », une lignée philosophique qui, à l’encontre des courants dominants de la pensée, ne pense le...
(Suite du premier article sur "les mots et les choses" de Michel Foucault) Du primat de la représentation à celui de l’Histoire : notre modernité Mais un second tournant met fin à l’âge classique. C’est l’Histoire qui devient le principe premier de la...
« Les mots et les choses » est un livre pharaonique, qu’il est bien difficile de synthétiser, tellement il ouvre de portes sur des salons particuliers luxuriants où l’on pourrait (devrait) se poser longuement, au lieu de devoir parcourir le Louvre en...
Antoine Compagnon est un monsieur qui a décidé, d’être « au miyeu », pour reprendre une caricature de François Bayrou. Sa référence c’est Montaigne, d'ailleurs proche d'Henri de Navarre dont l'ancien Ministre se pense la résurrection, donc il incline...
Avons-nous besoin d'une telle inflation de lois ? Un déluge de lois. Aujourd'hui un gouvernement ne s'imagine pas sans une activité parlementaire frénétique, des lois, des lois, et encore des lois, agglutinées dans des codes, avec la volonté inexpugnable...
Et si ce grand mourant qui ne veut pas mourir, qui essaie d'entraîner avec lui tout le monde par le fond avec lui, indignement, passait sur le divan, qu'en serait- il ? Je vous parle ici de deux essais qui tentent de psychanalyser le mode de production...
"Il y a quelque chose dans notre âme qui répugne à la véritable attention beaucoup plus violemment que la chair ne répugne à la fatigue. Ce quelque chose est beaucoup plus proche du mal que la chair. C’est pourquoi, toutes les fois qu’on fait vraiment...
" il est politique de prendre soin du langage." Barbara Cassin, est une païenne, "barbare" donc, choisissant une statue de femme hittite comme pommeau de son épée laser non léthale d'académicienne…. Elle s'emploie notamment à réhabiliter la Grèce perdue...
Je connaissais Nasstasja Martin pour avoir lu à sa parution son très beau livre d'anthropologie sur l'Alaska, "Les âmes sauvages", où elle restituait les leçons apprises auprès d'un micro peuple animiste, tout en montrant comment ce peuple, mais aussi...
Rassemblant des textes tardifs, écrits d’une plume à la fois pleine de gravité, juste avant sa mort, dont il analyse avec une intuition incroyable la source (il est assassiné par le milieu social et culturel dont il ne cesse de s’inquiéter dans ces écrits...
Q u'est ce qui fait que Nancy Cunard devient cette tornade scintillante qui écuma le temps des avant-gardes ? Les explications psychologiques donnent une idée, mais comme chacun elle aurait pu aller dans une toute autre direction. C'est toujours le mystère...
Quand j’étais étudiant en lettres supérieures, il y a fort longtemps, je m’efforçais d’accéder à Nietzsche. Et cela ne m’a jamais quitté. Il est impossible d’être nietzschéen je crois, excepté certains héros, rares. Mais sentir la foudre de sa vérité,...
« I don’t give a damn about my reputation / I’ve never been afraid of any deviation. » Joan Jett Bret Easton Ellis n’avait écrit que des romans, que j’ai tous lus, depuis ma lecture d’American Psycho, découvert à sa parution, au tout début des 90’s. Comme...
Robert Linhart, l'auteur de l'"Etabli", qui fait sans doute partie des quelques livres qu'on se doit de lire si on s'intéresse au mot "travail", s'est tu à jamais, après avoir trop et mal parlé, en leader maoïste, comme le raconte sa fille dans "le jour...
"La phénoménologie de l'Esprit" de Hegel est un des livres les moins accessibles qui soient mais aussi un des plus influents sur la philosophie moderne (la colonne vertébrale de Marx en particulier). Pour ma part je n'ai pas tenté, j'ai préféré, jeune,...
Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).
D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.
Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.
Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk.
Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.
De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».
J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.
Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.
Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…
Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.
Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.
Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.
Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.
J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.
Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.
Jérôme Bonnemaison,
Toulouse.