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6 mars 2016 7 06 /03 /mars /2016 21:54
En recherche d'un Clausewitz pour la lecture - 3 -

On continue ici la farfouille dans ce qui se dit sur la défense de la lecture. Dans le cadre d'une réflexion, qui aboutira ou pas, sur une stratégie globale possible, de contre offensive culturelle qui puisse être formulée, fondée sur la lecture.

Nous avons dans les articles précédents rencontré une anthropologue enthousiaste du rôle d'humanisation du livre, qu'elle célèbre, sa manière de lutter.

Nous avons croisé une critique radicale de la numérisation du monde en ce qu'elle est l'expression de l'élimination du "coût des autres".

Nous avons suivi les pensées fatalistes mais se voulant sages et nuancées d'une figure de l'étude des textes en France, et puis l'avis relativement rassurant d'un Historien du livre.  

Mais nous n'avons pas déniché de stratège tout en sachant que si nous le trouvons il aura la dégaine d'un kaleïdoscope dont il faudra simplifier la compréhension et établir l'équilibre.

Continuons, donc.

 

Avec dans cette salve :

1- "le livre, que faire ?", ouvrage collectif de "la fabrique",

2- " Hachette, le géant aux ailes brisées" de Jean-Yves Molliet.

3- une somme pamphlétaire collective : "L'assassinat des livres par ceux qui oeuvrent à la dématérialisation du monde", aux éditions de L'échappée.

 

1- Ou l'on voit le tabou de l'ayant- droit attaqué, et où l'on parle de matière et de présence

 

Les éditions "la fabrique" dont on sait qu'elles portent un projet éditorial radical, ne pouvaient pas esquiver le débat sur le devenir du livre. Ce fut fait avec un ouvrage collectif au titre léniniste :

 

"Le livre : que faire ?".

 

Il distingue logiquement au sein des livres, entre le tout venant commercial déversé par l'édition capitaliste, et une production plus exigeante, qui souffre plus. Cependant même l'édition capitaliste produit d'excellents livres, ce qui est incontestable.

 

Le livre numérique n'est pas ici appréhendé comme le souci principal, par refus de la technophobie, mais plutôt comme une diversion. L'ennemi est la concentration capitalistique. Malgré la concentration des moyens il est possible de constituer des catalogues passionnants et de recueillir le succès, mais au prix d'un sacerdoce. Cela fonctionne encore. Théoriquement les presses universaires devraient aussi défendre une autre écriture, mais on lui reproche un certain conservatisme. Le danger majeur vient des nouvelles enclosures. Le kindle est lié à un oligopole, qui maitrise ainsi toute la filière.  Cette critique des monstres de l'internet, qui sont disposés à des déficits leur permettant de dévorer un marché pour ensuite en contrôler le devenir, comme avec les jeux sur la gratuité des frais de port, on la retrouve dans toutes les analyses, et elles sont essentielles.

 

La principale idée originale du livre est cependant celle-ci : la remise en cause des ayant -droits.

 

On ne s'en étonnera pas, l'héritage étant un pilier du capitalisme, mode de production accumulatif. L'héritier n'est pour rien dans la qualité et le succés d'une oeuvre. L'auteur et la société oui. Certes, l'ayant-droit peut contribuer à défendre l'oeuvre du défunt, mais parfois il est un obstacle. L'auteur lui, vit rarement de sa plume. Combien ont tiré la langue pour enrichir des héritiers et des marchands ? Il convient donc de réorienter le partage de la valeur vers l'auteur. On salue ainsi les collectivités qui financent des résidences d'artistes. Il est proposé de taxer tres legerement les ventes d'ouvrages de textes du domaine public, pour soutenir la création contemporaine. Ce qui se heurterait à l'édition de poches massive et aux acteurs du marché scolaire.

 

Un des contributeurs le dit nettement : l'école et l'université fabriquent des non lecteurs. La persistance du cours magistral et le systeme de sélection induisant le recours aux manuels découragent la lecture de fond.

 

Ici je je suis bien d'accord. Etudiant quand je lisais, et je lisais beaucoup, je sentais que ce n'était pas la stratégie de court terme efficiente. Un bon manuel synthétique sur la pensée économique, mais médiocre, gagne un temps fou. Mais on ne lit plus Keynes ou "le capital" malheureusement. La pédagogie est à revoir, sous la forme du séminaire, pour inciter à des aventures intellectuelles approfondies, dans le temps.

 

Mais quand on note que le budget du centre national du livre est d'à peine 50 millions, on comprend que le livre ne soit pas saisi dans sa dimension véritablement politique par nos élites. Au niveau local les collectivités disposent d'outils pour protéger les librairies, dont elles n'ont pas grand usage. Les marchés publics sont un enjeu qui ne donne pas suffisamment de place à la diversité, ne serait-ce que par leur complexité. La proximité ne peut pas être un critere de choix par exemple.  Les remises ont été plafonnées à 9 %, ce qui est un progrès en faveur des librairies contre les grossistes.

 

Mais les libraires peuvent agir. Ils ont réduit les délais de livraison. Et il y a cette belle idée, d'un libraire de Marseille : 

 

" une librairie ou chaque livre est relié aux autres par un fil de rencontres, de lectures, de spéculations, d'oppositions, d'erreurs, d'errements, de notes en bas de page".

 

 

2- Où l’on voit, à travers la déstabilisation d’un Empire, les mutations fulgurantes qui attendent le livre ( « Hachette, le géant aux ailes brisées », Jean-Yves Mollier)

 

Dans un récent ouvrage, Jean –Yves Mollier raconte l’odyssée d’Hachette, entreprise fondée par un individu, Louis Hachette, en 1822, devenue un Empire monopoliste national, trustant les commandes de l’Education Républicaine, puis une des grandes entreprises de presse au niveau mondial, pour montrer en quoi une petite décennie d’émergence des GAFA (google amazon facebook apple) suffit à l’affaiblir considérablement. La question qui se pose désormais est celle, prophétiquement annoncée par André Schiffrin : l’édition se passera-t-elle d’éditeurs ?

 

Ce parcours qui absorbe à lui seul une grande partie de l’Histoire du livre français (par exemple l’invention du livre de poche), qui tient de l’intrigue politico policière à maints égards effarante, est aussi une occasion de démystifier l’ancien monde de la lecture, qui a toujours été soumis aux influences politico financières les plus intrusives. Les grandes valeurs dont se réclament le milieu n’ont pas toujours été de mise, c’est le moins que l’on puisse dire.

 

L’Histoire d’Hachette au long cours, c’est la constitution acharnée, et surmontant toutes les péripéties, d’un monopole vertical dans l’édition, sa distribution, et dans la presse. Cela commencera avec le monopole de la vente de livres dans les gares. A chaque étape, quelle que soit la composition du conseil d’administration, c’est l’inceste avec le pouvoir politique, et même, disons-le, la corruption la plus directe, qui prévaudront, notamment pour éviter la nationalisation des activités d’édition et de distribution de la presse. A cet égard la lecture de cette histoire d’une aventure économique souligne bien des rapports entre l’esprit « fusionnel » du second Empire, temps des noces du portefeuille et de la tribune, et celui de notre époque, et on imagine tout à fait un Emmanuel Macron en redingote.

 

Le comportement d’Hachette pendant la collaboration ne fut pas glorieux et aurait pu mettre fin à l’épopée, mais grâce aux rapports de forces institués, l’entreprise put tenir jusqu’à ce que l’anticommunisme réconcilie les milieux d’affaires et les gouvernants.

 

Alors qu’avec l’ère Lagardère, Hachette, qui a résisté à tout, par exemple au naufrage de la « 5 », semble à son apogée, en phase de croissance mondiale, le retournement est brutal. En 2004 Google humilie Hachette en boycottant ses livres pour l’obliger à revoir sa politique tarifaire et Hachette s’aligne. La montée en puissance des réseaux sociaux déstabilise les schémas de prescription de lecture,  et la tentation d’un lien direct entre l’auteur et le lecteur à travers les grands géants d’internet plonge les grands éditeurs dans l’incertitude.

 

« Quand les dix leaders mondiaux (de l’édition) ne pèsent pas plus de 40 % à eux tous du chiffre d’affaires du seul amazon, on voit bien qu’on assiste à la lutte du pot de terre contre le pot de fer ».

 

L’auteur pense même qu’il est possible que les géants de l’édition soient « balayés comme fétus de paille » et que l’édition se replie sur des petites maisons inatteignables par l’effet de masse des GAFA.

 

L'horloge a accéléré, et l’exemple d’Hachette, dont les combats pour rester le leader ont eu recours aux mêmes recettes, tout en s’appuyant sur des innovations maîtrisées, est l’illustration même d’une culture entrainée dans de puissants tourbillons en très peu de temps. Nous vivons une époque révolutionnaire à travers le mouvement qui restructure profondément les forces de production.

 

Cependant, consulter cette histoire d’une aventure entrepreneuriale souligne que les reproches adressés aux mastodontes de l’internet pouvaient tout à fait être adressés à l’édition monopoliste, et Jules ferry le disait déjà cyniquement :  « qui est maître du livre est maître de l’éducation ».

 

Hachette saura participer à des moments clés de la manipulation de l’opinion, jouer de la censure. Toujours dans la seule logique du profit et de la rémunération de son actionnariat. L’économie est politique, si la politique dit de plus en plus qu’il n’y a plus de politique économique discutable. Et singulièrement l’économie du livre et de la presse, qui véhicule l’idéologie. Il faut donc que, comme dans « le guépard » de Visconti, tout change pour que rien ne change.

 

3- Où l’on rejette en bloc et attaque de toutes parts la  numérisation

 

«  Gatsby le magnifique a été écrit en 1924. Avez-vous besoin d’une mise à jour ? »

 

                                                                          Jonathan Franzen

 

Autre livre collectif publié par la maison « L’échappée », « L'assassinat des livres par ceux qui œuvrent à la dématérialisation du monde » est une attaque sans concessions, sur tous les fronts, contre le numérique, engageant des écrivains, des éditeurs, des bibliothécaires, des étudiants, et déplorant le poison numérique jusque dans le cinéma et la musique, à travers des textes de première main et des collectes de textes et de déclarations.

 

Si les éditions de « la fabrique » restaient (voir plus haut) ouverts sur la question technique du numérique, s’en prenant à sa maitrise par des oligopoles privés, les auteurs de cet ouvrage appliqué, argumenté, dense, attirent l’attention sur de multiples risques de la société numérique, sur ses conséquences cognitives en particulier. C’est une logique d’abêtissement général qui se déploie, et le seul mot d’ordre ne peut être que de résister frontalement sans concession. En revenant à  Walter Benjamin, on déplore la fin de l’ « expérience ». L’épaisseur du livre, sa réalité unique, permet une expérience. Un texte numérique, obsolète, indifférencié, non pensé dans sa matérialité inédite, est un fantôme.

 

Je suis assez convaincu par cette vision pessimiste qui déplore la collaboration active de maintes formes d’enseignement, et de certains libraires naïfs, avec la numérisation, au nom de la compétitivité, sans s’interroger sur ce qu’elle sacrifie au passage, même si certains aspects méprisants de la jeunesse me rebutent dans l’argumentaire. Je ne pense pas que traiter les jeunes qui écoutent de la musique sur mp3 de « zombies » soit très indiqué. Après tout, les générations qui leur ont légué ce monde méritent aussi des qualificatifs péjoratifs. Le mépris envers les blogs relève d’un corporatisme exclusiviste du « milieu » que le bloggeur que je suis ne saurait évidemment partager. D’autant plus qu’il arrive que les blogs fassent acheter des livres…. Il y a donc un peu d’ingratitude.

 

C’est un livre à charge, qui va jusqu’à contester dans le détail le caractère de vertu écologique comparée du livre numérique par rapport au livre de papier. C’est la culture même qui est en cause, attaquée par des technologies qui " détruisent notre attention et notre capacité de concentration. Elles fabriquent des individus dispersés, perpétuellement agités ». La forme affecte le sens. Le numérique parasite la lecture, la hachure, perturbe la concentration. Le « scrolling » perturbe notre capacité mémorielle.

 

Plus de 80 % des adolescents américains ne savent pas lire en silence. L’hypertexte est une régression culturelle. La lecture en diagonale n’est plus une possibilité mais une puissante incitation de l’outil. Le but est économique : générer du trafic qui génère de la rémunération. La liseuse « nous lit » plutôt qu’on ne la lit, elle atteint la confidentialité de la lecture, peut l’analyser dans ses moindres détails, et il est même arrivé qu’on fasse disparaître le texte ou qu’on le remanie. On offre des livres, pas des textes numériques. C’est toute la saveur de la culture qui est atteinte.

 

La perte des intermédiaires, au profit des moteurs de recherche, sera loin d’être neutre culturellement évidemment. Nombre de ces intermédiaires essaient de s’adapter, creusant leur propre tombe, comme des bibliothécaires qui prônent la notion de « troisième lieu », et se réfèrent à la « médiation », adaptant ces lieux à « la familiarité » des publics, et en chassant peu à peu le livre. On pense attirer vers le livre, mais on apprend en fait à se passer de lui. Tout cela dans la gabegie de l’obsolescence programmée. Les personnels de la lecture publique sont sonnés, tiraillés entre l’hyper polyvalence et l’hyper spécialisation.

 

Cette somme critique démonte l’argumentaire faussement démocratique de la numérisation. A quoi sert de bourrer un reader de centaines de livres si on ne les lit pas ? Le souci n’est pas l’accès aux livres, les bibliothèques en sont remplies. Oui, le livre survivra, mais il se marginalisera. Tous les réseaux qui permettent l’accès au livre entrent en crise, le but du numérique étant l’éradication des intermédiaires. 4000 emplois ont été supprimés au début des années 2010 dans les bibliothèques anglaises. Voilà l’intérêt réel de la numérisation ! La destruction créatrice. Mais créatrice de quoi ? De rien.

 

L’âge de l’accès est un mensonge, car c’est l’âge du contrôle central de l’accès. La mémoire numérisée, privatisée, sera soumise à l’exigence financière et nous courrons un risque sans précédent d’amnésie individuelle et collective. «  Ma machine » c’est le contraire de l’accès à l’œuvre dit un très beau texte d’Alexandre Prieux, c’est l’enfermement : « chacun peut prospérer dans sa chambre négative, si la machine y dispose pour lui un champ plastique, magiquement malléable ». Le livre était une voix « juchée sur la réalité irréductible de l’objet ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lectures de Jérôme Bonnemaison

 

Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).


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D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.

 

Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.


Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk. Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.


 

De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la  bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».


 

J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde  le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.


 

Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.

 

 

Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…


 

Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.

 

 

Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.


 

Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.  


 

Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.


 

J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.


 

Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.

 

 

Jérôme Bonnemaison,

Toulouse.

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