Dans cet ouragan d'après Nice où l'on voit la bêtise, telle Méduse, agiter hystériquement ses multiples têtes mortelles. La bêtise politicienne, la bêtise de l'inculte. La bêtise de l'intellectuel châtré, la bêtise de la bonne conscience suicidaire, la bêtise de l'Identité, la bêtise des fausses logiques paresseuses, la bêtise binaire, la bêtise humaine dans toutes ses facettes ; un homme, un agent public, sauve l'honneur.
Il s'agit du Procureur Molins.
Je suis certain de n'être pas seul à le sentir, car on perçoit le respect autour de ses interventions.
Monsieur Molins ne demande rien. Il garde la tête froide.
Il utilise un langage administratif dans son versant lumineux, c'est-à dire précis.
Il use de logique, implacablement.
Il est capable d'articuler des pensées nuancées, c'est à dire intelligentes.
La nuance, s'il vous plaît, n'exclut pas la radicalité. Ni de l'action, car Monsieur Molins agit et place en garde à vue, met en détention, en examen, fait interroger ou interroge, ni de la pensée. Il y a des cimeterres ciselés, dans les batailles cruelles.
Monsieur Molins parle un français précis, dénué de sentimentalisme inutile, de narcissisme et de démagogie. Il expose des faits et en tire des conclusions, il offre cette intelligence à tous, et d'ailleurs il suffit d'en entendre les synthèses pour mesurer la différence entre la probité intellectuelle du magistrat et celle des vendeurs de papier et de temps d'écran.
Il prend soin de sa grammaire car elle a un sens, la grammaire. Un conditionnel est un conditionnel. Il ne verse pas dans un nominalisme vulgaire qu'on voit partout, mais définit les termes qu'il emploie.
Sa syntaxe est pesée et porteuse, toujours d'un sens. Il sait de quoi il parle, se réfère. Il renvoie ce qu'il voit à ce qui est tangible, à savoir l'état du droit dont nous disposons.
Monsieur Molins ne parle pas pour rien. Il ne parle pas n'importe quand. Il sauve le langage.
Monsieur Molins est une butte témoin de ce que ce pays a été capable de produire de mieux, et continuera à produire on peut l’espérer.
Quand j'entends les points presse de Monsieur Molins je les écoute jusqu'au bout. Ils sont, paradoxalement, comme une bulle d'oxygène dans cette pollution d'expressions généralisées qui encrassent le système nerveux.