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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 08:53

foundation-asimov-swirl-cover.jpg L'autre jour, un ami qui a récemment retouvé ses racines rurales m'a donné, sur un malentendu, l'idée d'écrire un Post sur Isaac Asimov. Bonne idée, que j'exécute.

 

La Science fiction est considérée, qu'on le veuille ou non, comme un genre mineur, une littérature de petits maniaques gorgés de sébum. Il est vrai qu'ils en sont l'avant garde. On les aperçoit dans les boutiques spécialisées, le dos voûté, le caleçon années 80 dépassant du Jean, en train de compulser lentement, enfermés dans une bulle, des éditions inconnues de nous, écluseurs de Folios.

 

Mais comme le Polar (dont elle n'est souvent qu'une variante) et encore plus sans doute, la SF est sans doute mésestimée. La lecture de "Fondation" d'Asimov, grand classique du genre, vous en convaincra définitivement.

 

"Fondation" court sur 6 tomes qu'il vaut mieux lire dans l'ordre, chacun étant bien fourni. Mais vites lus, tant ils sont passionnants et limpides.

 

Très loin dans le futur, alors que l'humanité a essaimé dans l'espace, et que la Terre n'est plus qu'un mythe presque oublié, un Empire Galactique s'effondre. Un petit groupe de "psycho-historiens" est parvenu à calculer le temps que durera le chaos qui va s'ensuivre. Mais si le désastre est inéluctable, le retour de la civilisation peut être accéléré, dans l'hypothèse où certaines décisions sont prises, au cours de la période qui s'ouvre. Ces "psycho-historiens" vont constituer une Fondation capable de conserver les acquis de cette science et de défendre le "Plan" qui doit permettre à l'ordre universel de renaître le plus vite possible. Mais attention, les prévisions ont une marge d'erreur. Et le "Plan " peut dévier. De plus, si la psycho-histoire peut prédire l'avenir des grandes masses, relativement statiques, elle ne peut pas prédire l'avenir à un niveau individuel. Or, l'individu compte dans l'Histoire.

 

"Fondation" va donc nous raconter le déroulement de cette période de chaos et d'incertitudes, que les "Fondateurs" voudraient conduire sur les bons rails. Avec de nombreuses péripéties.

 

Le style n'est pas la préoccupation première de l'auteur. Il est simple, direct, efficace. Et finalement, ce n'est pas si aisé d'écrire clairement. Mal écrire, c'est peut-être s'empêtrer dans trop de guirlandes. Asimov, lui, il va au fait. Les descriptions sont sommaires, plantent le décor, et le livre utilise beaucoup les dialogues, ce qu'il y a de plus facile à lire.

 

La science-fiction tient lieu de laboratoire. Comme l'Utopie d'ailleurs, qui est sa cousine. Ce fameux laboratoire qui manque tant aux sciences humaines, pour pouvoir se hisser au niveau des sciences dites dures.

 

Ainsi, dans "Fondation", on s'interroge avec légèreté et humour -sans conséquences dans ce monde imaginaire-sur des sujets comme celui de la capacité de l'historien à anticiper l'avenir. On y compare, preuves à l'appui, les différents modèles de société : de l'individualisme absolu (des êtres enfermés dans un bunker ne se voyant jamais) au collectivisme extrême (une société totalement intégrée, fusionnant avec son environnement pour constituer un seul organisme vivant). On y réfléchit sur la statistique, sur la Logique, sur les différentes conceptions du Temps, sur la réalité du pouvoir, sur le rôle de la mémoire et des mythes dans l'Histoire, sur le rôle des anticipations formulées par les individus dans les sociétés (ce qui préoccupait beaucoup Keynes et aujourd'hui tous les économistes).

 

" Fondation", mine de rien, est un périple de pensée. Avec visite de la Galaxie en bonus. Le tout emballé dans une succession d'intrigues haletantes, que le lecteur se complaît à essayer de résoudre, sans  y parvenir par lui-même (enfin, moi...), comme dans les bons polars . Excellente évasion dans "l'infini et au delà !" (citation de Buzz l'Eclair dans Toy Story).

 


 


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Voir mon blog(fermaton.over-blog.com), L'AUBE DE FONDATION D'ISAAC ASIMOV RÉALISÉE.
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Lectures de Jérôme Bonnemaison

 

Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).


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D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.

 

Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.


Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk. Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.


 

De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la  bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».


 

J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde  le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.


 

Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.

 

 

Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…


 

Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.

 

 

Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.


 

Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.  


 

Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.


 

J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.


 

Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.

 

 

Jérôme Bonnemaison,

Toulouse.

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