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25 août 2013 7 25 /08 /août /2013 19:59

tumblr_mlpmu5Px311rwuob4o1_500.jpgDe temps en temps je me replonge dans des travaux de facture universitaire en sciences humaines, dont on se demande qui les lit, à part (et encore) leurs collègues positionnés sur les mêmes niches. Ils sont pleins d'intérêt au prix d'un débroussaillage de tout ce dont on n'a pas besoin quand on n'est ni étudiant ni chercheur, dont les longs passages de discussion méthodologique qu'on n' a plus franchement envie d'approfondir une fois tout cela loin derrière soi.

Chacun sa croix....

 

Les relations entre le politique et la culture ont toujours fait couler beaucoup d'encre, elles ont été au coeur des débats intellectuels du XXeme siècle et de la critique du totalitarisme. A l'heure de notre république décentralisée ces relations hantent les éditos des journaux municipaux, nous livrant souvent les clichés les plus grossiers qu'on puisse recenser (par exemple cette notion de "culture pour tous" qui ne veut rien dire, ou celle de "culture de proximité" assez grotesque... Signifie t-elle que le but d'une politique culturelle est de réduire le parcours pour aller au spectacle et de disposer d'un parking facile pour le monospace ? Belle ambition !).

 

Il est intéressant de disposer d'un regard sociologique, sans concession, attentif aux intérêts des acteurs et soucieux de déconstruire leur discours, bien souvent tellement convenu.

 

Ce sujet n'a rien d'évident, n'est pas à régler en trois slogans. Nous savons désormais que l'art doit échapper un tant soit peu à la politique, mais nous savons aussi que l'art est inéluctablement politique. Nous savons instinctivement que la culture est un vecteur peut-être sans égal de transformation sociale, un lieu d'affrontement majeur entre les intérêts qui se disputent le pouvoir sur les consciences. La politique est culturelle et la culture est politique.

 

Mais la culture sous la bride de la politique n'a aucun intérêt non plus, c'est évident. Elle n'est que conformisme au mieux, propagande ou édification au pire. Sans le soutien public, la culture est livrée au marché, à moins que l'on pense la main invisible comme la meilleure pour sélectionner ce qui mérite d'exister culturellement (ce qui n'est pas mon cas une seconde, même si je crois que le succès et la fréquentation ne sont pas non plus à ignorer ni à mépriser). On pourrait se dire que certes, s'il y a du talent, ça trouvera son chemin. Mais on sait qu'au fond ce n'est pas vrai , que les droits réels d'accès au public deviennent beaucoup trop contraignants pour laisser faire sans agir politiquement.

 

La notion de "politique culturelle" est ainsi un champ de mines potentiel, ce qui explique peut-être pourquoi on le démine, justement, en se réfugiant dans le cliché. Mais le cliché n'est pas neutre. Bref, il y a de quoi penser si on ne veut pas tourner en rond. J'ajoute aussi à cette redoutable complexité un autre océan : celui de la crise moderne de l'esthétique. Le concept de beauté a été déchiqueté par la philosophie et l'émergence de l'art moderne puis contemporain. Le relativisme s'est imposé. Et l'action politique "culturelle" ne saurait échapper aux immenses doutes qui s'ensuivent.

 

Donc il est intéressant de voir comment on s'en sort dans nos pénates.

 

Intéressant est l'essai sociologique, ou plutôt socio historique coordonné par Vincent Dubois et réalisé par une équipe du CNRS : "Le politique, l'artiste et le gestionnaire - (r)econfigurations locales et (dé)politisation de la culture" (2012).

 

L'essai aborde de front les configurations qui désormais ont remplacé la vieille rencontre (dont l'archétype est le lien entre François premier et Léonard) entre l'artiste et le Prince. Et il choisit le point de vue local, comme espace où ces configurations deviennent de plus en plus déterminante, au regard de l'importance des collectivités dans le soutien à la culture.

 

Le local a du s'imposer, combat particulier au sein d'une France où la décentralisation n'était pas une évidence. Dans les années 60 en outre, apparaît ce ministère de la culture malrucien qui est une composante importante du dispositif gaulliste, et l'expression de son charisme. Donc les cultureux locaux vont devoir faire face à un jacobinisme traditionnel, mais qui en plus incarne ici la modernité et l'ambition modernisatrice, et déploie ses maisons de la culture sur le territoire, certain de sa légitimité.

 

Ce sont les centres culturels communaux, regroupés en fédération, qui opposent à Malraux la vision d'une culture ancrée dans le local. Ils vont positionner la commune comme la cellule de diffusion culturelle privilégiée, juste après la famille et l'éducation. Ce discours basiste oppose évidemment la pertinence affirmée des "hommes de terrain" face à la haute technocratie coupée du réel. On défend le pragmatisme et on refuse le débat théorique pour cliver avec les maîtres à penser du ministère de la culture. Les animateurs culturels sont alors considérés comme des produits des initiatives de terrain, qui se dégagent naturellement du bouillon de création. Sur le plan conceptuel, pas totalement délaissé, s'affrontent deux conceptions logiques. L'Etat défend la distinction entre la culture et le loisir ; localement on critique cette vision supposée élitiste, et on parle de "loisir supérieur", voie vers l'enrichissement humain.

 

C'est dans cette période que se prépare la grande vague de la décentralisation culturelle (qui en fait n'en est pas une car rien de bien probant n'a été décentralisé. On n'a fait que développer l'intervention locale en réalité, à part quelques compétences dévolues ici ou là). C'est sous l'impulsion de la fédération des centres culturels communaux, des élus et des acteurs culturels locaux qui l'animaient, que se mettent en place, à partir des préconisations fédérales, des éléments essentiels qui expliquent le dynamisme culturel local contemporain : les adjoints à la culture, la création de services culturels, des lignes budgétaires dédiées et des ressources techniques...

 

L'étude de l'évolution d'une politique culturelle dans une municipalité communiste montre le déplacement que va subir la notion de politique culturelle. Les Mairies communistes, nombreuses pendant les trente glorieuses, ont été très en pointe. La grande idée de restituer la culture au peuple les a animées, avec force optimisme. L'immense figure d'Aragon y présidait. Les élus vivaient eux mêmes cette émancipation, pour beaucoup à l'époque issus de la classe ouvrière. Les années 70 marquent le tournant (ce qui correspond presque ironiquement à la théorie marxiste selon laquelle l'économique est la source. Ce que ces élus communistes vont regretter de voir se confirmer). La désindustralisation commence à frapper, et la référence ouvriériste devient de plus en plus caduque. Les élus qui s'appuyaient sur elle font face à des acteurs culturels qui leur opposent une professionnalisation accrue. La compétence vient au premier plan dans cet "aggiornamento" qui voit l'acteur culturel réclamer son autonomie face à l'élu. Les conflits ne sont pas rares

 

Ce processus va être durable. Il va aboutir à une sorte de retour du politique "refoulé", cette fois ci revendiqué par les professionnels eux-mêmes. Le projet initial, de la culture restituée au peuple, en se dissolvant, renvoit la vie culturelle aux institutions, aux équipements. Comme le projet n'est plus là, chacun cherche à se légitimer auprès d'acteurs extérieurs à la ville : les grands réseaux, le Ministère, les chercheurs, les grands noms artistiques, les médias... L'obtention des financements valide les projets et les projets s'adaptent pour les capter. Les réseaux locaux partisans sur lesquels s'étaient appuyés les Maires sont marginalisés, à tort ou à raison, mais ils le sont.

 

Les acteurs culturels désormais en position de force vont redéfinir le projet culturel autour des priorités du moment, afin de légitimer leur fonction et leur budget. La culture servira à requalifier les territoires, à lutter contre l'exclusion, à créer la citoyenneté.... 

 

Un drame silencieux s'est joué avec la dépossession des militants culturels de ce qu'on appelait alors "les nouvelles classes moyennes", dont la figure privilégiée est le militant PSU abonné au Nouvel obs, qui dans le sillage de mai 68 pensaient partir à la reconquête de la société, réactivant finalement l'idée qui animait les communistes tout en les ringardisant. Ils seront écrasés ou digérés par l'institutionnalisation, la formalisation, la professionnalisation, le discours sur la "qualité". Le culturel se sépare du social et les associations locales sombrent dans le fossé entre les deux notions. Beaucoup de ces militants se reconvertissent bien sûr dans le nouveau modèle, créant eux mêmes les nouveaux métiers culturels. C'est la politique de la ville qui va entraîner un certain retour vers le lien avec le social, mais toujours sur un mode d'intervention technicisée.

 

Ainsi, la déploration du manque de participation oublie t-elle souvent que cette participation a pu exister, mais qu'elle a été liquidée.

 

Les élus vont parfois se révolter contre l'autonomie du champ culturel. Dans les années 90 on voit se multiplier les affaires, les conflits entre des élus et des acteurs culturels locaux. C'est le cas dans des communes où ces derniers ont obtenu un statut important et où la culture compte. Pour des raisons différentes, un élu, souvent le Maire, déclenche la guerre. Soit pour marquer une différence dès son accès au pouvoir, soit pour faire ses preuves à travers un combat, soit pour illustrer son idéologie (cas des mairies FN). C'est souvent au nom de la saine gestion que l'élu intervient, ce qui porte le moins à critique. Du côté des acteurs culturels, on a recours aux grands réseaux, et aux médias qui trouvent un motif facile de dénoncer les "abus" politiques et de raconter des histoires d'injustice où l'artiste éminemment sympathique et porteur de valeurs de liberté s'oppose au tyran. Ce qui par ailleurs peut être vrai. Mais parfois non. En tout ca le storytelling est prémâché.

 

Les élus alliés aux administratifs ont trouvé une solution de dépolitisation de la culture, ou plutôt de déconflictualisation de la culture, à travers l'intercommunalité (car les élus peuvent être des acteurs premiers de la dépolitisation des dossiers aussi, qui permet en réalité de faire de la politique plus tranquillement, ou sans devoir l'expliciter). Elle permet certes à une intercommunalité d'essayer d'exister de manière identitaire, ce qui n'est pas gagné en France aujourd'hui, loin s'en faut.  Mais elle est aussi le moyen, à travers le consensus -passage obligé de l'intercommunal-un moyen de s'extraire du conflit en ce domaine.

 

Ce mouvement a évidemment un lien avec l'émergence d'une vision néolibérale de la culture disciplinée au profit du marketing territorial et plus largement de la notion consensuelle de "développement local". Le discours dominant devient celui de l'"effet Bilbao" ou "Lille 2004" qui serait transposable partout, et dont on n'a jamais vraiment tenté d'objectiver la réalité. L'UE est bien entendu au premier rang pour soutenir cette vision, par le label ville européenne de la culture.

 

L'idée de la démocratisation de la culture a fait long feu, elle est toujours autant citée mais comme une prière qu'on écoute sans conviction. Les professionnels n'y croient plus vraiment eux mêmes. Place à la compétitivité. La figure du "mécénat" devient, logiquement, la solution miracle proposée aux acteurs culturels à qui on demande de "diversifier" leur financement. Le Prince étant supplanté par le banquier, on doit aller demander à l'agence du coin si elle ne veut pas aider à financer une expo. Et certains, par souci d'intégration dans leur territoire, par effet de réseau, soutiennent d'ailleurs, les raisons fiscales dont les politiques parlent tant n'y étant pas pour grand chose. 

 

Quant à l'Etat, auquel les acteurs culturels continuent de croire, il s'est considérablement affaibli, les DRAC ne pesant plus vraiment sur la vie culturelle locale. Le Ministère de la culture essaie de sauver par la parole ce que ses mains coupées lui interdisent d'imaginer.

 

Que peut on en penser ? Allez je m'y risque...

 

Le modèle de rapport entre l'élu, le gestionnaire et l'artiste a aujourd'hui des vertus d'équilibre. Les élus, certes pas tous, ont intériorisé certaines limites. Les artistes sont conscients des réalités avec lesquelles ils comptent. Le jeu de poker menteur entre eux est inévitable et durera toujours. Finalement, de ce point de vue, les conflits du passé ont débouché sur des compromis assez intéressants. Notre pays a une vie culturelle très riche, les festivals y abondent, nous disposons d'une belle politique du patrimoine, nous avons bien des raisons d'être satisfaits de notre pays sur ce point tout en continuant à râler ce qui est l'honneur de notre Nation, et nous devons largement ces bienfaits à cette épopée locale de la culture. Des enjeux fondamentaux, tel l'illettrisme, la disparition programmée des librairies voire des disquaires, ne sont pas traités, et ce n'est pas par hasard qu'il s'agit de sujets dont les collectivités ne peuvent pas aujourd'hui s'emparer véritablement. Laissés à un Etat démissionnaire, ils restent en jachère.

 

Cependant, le projet culturel dominant est incertain. Il est flou. Il insiste sur l'économique ou bien la mixité, le lien social ; et se laisse en réalité décider par les propositions artistiques et leur force de conviction, qui ont recours à des effets de mobilisation. Or, la culture, pour moi, c'est l'enchantement, l'élévation. C'est à travers cette élévation que tout se transcende, y compris les inégalités et l'exclusion, y compris les divisions qui empoisonnent la cité.

 

Donc paradoxalement, alors que je suis certain des limites historiques de la démocratie représentative telle qu'elle a été inaugurée par la révolution anglaise, je ne plaiderai pas pour ma part pour le mot d'ordre de neutralité des élus. Ils n'ont pas à mettre en scène les pièces de théâtre, à rédiger les listes de commande des livres, à choisir la programmation de l'équipement, ils n'ont pas à censurer ou à instrumentaliser (en dehors des effets d'image qu'il est légitime de vouloir recueillir). Mais ils n'ont pas non plus à se laisser vampiriser par des beaux parleurs et leur aura et à se laisser guider en accompagnant de leur présence aux inaugurations et de bons mots souvent redondants.

 

Nous avons donc besoin d'élus et de techniciens simplement passionnés ou même curieux. Nous avons besoin d'amoureux de la culture, de mélomanes, de romantiques ou de rêveurs, de fondus de jazz ou de Chuck Berry, de dingues de John Updike ou du gothique flamboyant. S'ils le sont, ils sauront trouver les voies qui nous parlent et ils donneront la place à la diversité en respectant les artistes, car tout amoureux de l'art est boulimique et aime la création.

 

Peu importe que leur passion soit la danse, la peinture expressionniste ou le mouvement support surface. Mais nous serait secourable leur désir de s'emparer des moyens confiés à leur usage pour nous surprendre, pour nous parler, pour oser. Pour enchanter la ville. Le parti pris de la passion, pas de l'intervention.

 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 

 

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Lectures de Jérôme Bonnemaison

 

Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).


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D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.

 

Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.


Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk. Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.


 

De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la  bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».


 

J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde  le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.


 

Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.

 

 

Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…


 

Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.

 

 

Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.


 

Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.  


 

Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.


 

J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.


 

Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.

 

 

Jérôme Bonnemaison,

Toulouse.

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