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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 13:51


Il y a des livres à siroter dans son bain. Accompagnés d'un bol d'olives fourrées au poivron (qui risque de glisser et de vous obliger à passer la balayette, encore mouillé avec une serviette mal nouée autour de la taille),  assortis d'un Mojito ou d'un simple jus d'Ananas avec son glaçon. Pourquoi pas un cigare ? Mais la cendre dans l'eau, c'est dégueu, et le cendrier risque de se briser aussi et de vous entailler la plante des pieds. Bonjour pour cicatriser de la peau molle humide.

Aisés à lire (avec en léger bruit de fond, "the man i love" de Billie Holliday),  écrits en gros caractères, légers, drôles, habiles, sans conséquences. Agréables, quoi. Sans trop de facilités et de clichés toutefois pour ne point indisposer l'esprit du lecteur. Distraction n'implique pas forcément crétinisme (c'est ce que je me dis chaque samedi en regardant mon match de rugby, sport de combat mais subtil. Je ne comprends pas un tiers des règles, mais les joueurs non plus semble t-il).

Pour vous reposer de ces fêtes de noël parfois plaisantes mais concédons-le ensemble nerveusement et gastriquement éprouvantes, je vous recommande un petit polar ( en poche 10-18) : "Un privé à Babylone" de Richard Brautigan.

Dans la mythologie du roman noir, le Détective privé n'a pas un sou, est débiteur auprès de sa secrétaire, mais parvient quand même à conserver son bureau, sa bagnole de collection, et porte de super costards.

Brautigan a poussé le principe à son extrême et essayé le "lumpen" détective, qui ne singe pas d'être minable. Il l'est un point c'est tout. Un quasi mendiant, sans bagnole ni flingue, sans bureau ni client. Même pas capable d'enfiler deux chaussettes identiques.

Un Détective qui prend le bus, et qui pour oublier son destin sordide, s'est créé une deuxième vie de songe éveillé à Babylone, rien que ça... ce qui le conduit à trébucher partout et à manquer les arrêts de bus. On saisit que ce refuge onirique est une réaction à un évènement dramatique dans l'enfance, ce qui nous rend ce raté sympathique. L'occasion de nous embarquer dans une historiette loufoque sans concept, mais prétexte à sourire aux côtés d'un looser sans qualités, même pas enfouies. Un cave rêveur doté d'un sens de la formule, et de la conscience aigue de sa médiocrité

Un roman noir qui tourne au fluo.

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Lectures de Jérôme Bonnemaison

 

Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).


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D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.

 

Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.


Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk. Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.


 

De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la  bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».


 

J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde  le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.


 

Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.

 

 

Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…


 

Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.

 

 

Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.


 

Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.  


 

Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.


 

J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.


 

Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.

 

 

Jérôme Bonnemaison,

Toulouse.

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