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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 08:00

DANTES-copie-1.jpg " Dantès"(Boisserie/Guillaume/Juszezak) est une série de BD qui s'inspire très directement du "comte de Monte Cristo" pour nous plonger au plus profond dans les marais putrides où s'accouplent la Finance et la politique.

 

Là où "Monte Cristo" éreintait la bourgeoisie et la bureaucratie de la Restauration, leur avidité et leur corruption fondamentales, la BD pratique de même avec la classe dominante de notre temps : les élites financières et leurs affidés dans l'arène politique.

 

Le conte de Monte Cristo s'inspirait de faits réels. Et la BD "Dantès" ne peut que rappeler l'affaire Kerviel à notre pensée.

 

Monte Cristo avait pour objet d'offir au lecteur un défouloir contre cette société où la bourgeoisie s'affirmait comme une force conservatrice. La BD nous en permet de même à l'égard de ces banquiers qui nous dirigent et auxquels les gouvernements déroulent (presque) tous le tapis rouge.

 

Un jeune Trader, inexpérimenté mais sûr de lui, prêt à beaucoup pour réussir, est manipulé par une escouade de voyous en col blanc. A son insu, il va aider à couler une banque, cette faillite servant d'écran d'une opération de prédation alliant une fraction de la droite politique et certaines forces économiques transnationales. Le jeune Trader va payer le prix très fort. Et à l'instar de son ancêtre symbolique Edmond Dantès, il va pouvoir préparer sa vengeance grâce à une rencontre en prison et à un concours de circonstance miraculeux.

 

Si la base de l'intrigue, qui commence à la fin des années "fric" (89) pour s'achever dans les années 2000, est référencée à Monte Cristo, la BD ne se contente pas de transposer le roman en remplaçant les personnages de Dumas par des banquiers. Elle utilise  efficacement les subtilités perverses de l'économie financière, sans dérouter le non spécialiste. Au contraire, j'ai pu réviser tout en me distrayant mes vieilles fiches d'étudiant sur la grande libéralisation financière des années 80. Cette contre-révolution, qui au contraire de la Restauration dépeinte par Dumas, n'a pas vraiment dit son nom, sauf à travers les bouches, du moins franches, de Reagan et de Thatcher. Le complot n'en est que plus complexe et plaisant à suivre dans ses méandres.

 

Le dessin est sobre et efficace. Il souligne la psychologie des personnages sans outrance ni caricature.

 

Quant aux misanthropes, qui se voient confortés par "Monte Cristo", confirmant que l'on n'est trahi que par ses proches, ils ne seront pas déçus par la BD.

 

Je n'ai lu que les deux premiers tomes, mais je vais vite me procurer les deux suivants parus. Sachant que la vengeance prendra sept tomes à s'exercer. C'est décidément un plat savoureux qui se mange froid.

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commentaires

D
<br /> Bravo Jérôme,<br /> je pense n'avoir rien lu de BD depuis des lustres, une bonne raison de m'y remettre.<br /> Cordialement<br /> F.M http://lire56.over-blog.com<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Une bonne BD de temps en temps, ça fait du bien en effet.<br /> <br /> <br /> C'est un tempo très particulier, à travers l'agencement d'une page, qui en fait un genre tout à fait spécifique. Ce n'est pas, à mon sens, un simple "livre avec des images". C'est une écriture<br /> différente de la littérature.<br /> <br /> <br /> Donc de temps en temps je parlerai d'une BD.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />

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Lectures de Jérôme Bonnemaison

 

Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).


ete2010-035.jpg

 

 

D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.

 

Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.


Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk. Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.


 

De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la  bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».


 

J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde  le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.


 

Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.

 

 

Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…


 

Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.

 

 

Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.


 

Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.  


 

Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.


 

J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.


 

Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.

 

 

Jérôme Bonnemaison,

Toulouse.

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