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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 19:32

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Ce blog de lectures egotistes vient d'atteindre les 20 000 pages lues.

 

A 20 000 reprises, donc, un être humain a considéré qu'il n'avait pas mieux à accomplir que de venir sur un des 143 articles publiés sur ce Blog. Epatant, non ? Ben oui moi je trouve cela épatant. La vie humaine est finalement longue. Assez en tout cas pour qu'on perde son temps.

 

Car au lieu de cliquer sur l'article d'un inconnu sur un essai marginal d'Annie Lebrun ou sur la biographie de Colette Audry (mais qui ça peut intéresser franchement ?) on dispose tout de même d'alternatives. Je sais pas moi, regarder des photos d'aurore boréale, nettoyer son aquarium ou jouer à Donkey Kong 2 sur son son Smart Phone.  

Peut-être vous ne me croirez pas... Mais des gens tapent "roman périurbain" sur google régulièrement. Et ils arrivent jusqu'ici.  

 

Bon OK, des gens sont venus ont lu ou survolé (souvent parcouru sans doute parce que des fois c'est long), mais qu'en ont-ils pensé ? Peu de commentaires ont été laissés (115). En même temps c'est un peu logique, dites à quelqu'un "ça te dirait de commenter comme ça au débotté un article d'un inconnu sur une anthologie des pensées urbanistiques parue il y a trente ans ?" on comprend qu'il hésite à cet effort un peu désuet.

Parfois je reçois des messages privés, dont un franchement attendrissant : quelqu'un disant qu'il avait envie de lire mais ne savait pas où commencer. Et puis y a tous les lecteurs qui cliquent sympathiquement sur "Like". C'est courtois, continuez donc. 

 

Mais peu d'insultes ou de saillies caustiques aussi. Une attitude donc majoritairement circonspecte mais polie.

 

Une amie et lectrice occasionnelle (je la salue ici, elle se reconnaîtra si elle va jusque là) m'a suggéré, afin de booster les consultations, de donner dans le "parisianisme". Je lui ai répondu que je ne le pouvais pas, étant toulousain (cette amie est parisienne). Elle m'a contre rétorqué à raison que le parisianisme n'était pas un concept spécialement géographique mais une attitude générale.

 

Donc, je pourrais déclencher des polémiques porteuses, du genre "La taille de l'edito dans le magazine LIRE est elle appropriée ?" ou encore proclamer "LISEZ MON BLOG, CELUI DE PIERRE ASSOULINE EST POMPEUX, SNOB ET DONNEUR DE LECONS A BON COMPTE"... Ce qui est vrai (en plus lui il doit être payé). Je pourrais aussi me concentrer sur des éloges de gens influents en leur envoyant une copie systématiquement. Cela m'attirerait des liens sans doute (au sens informatique).

 

Il est certes plus bankable de parler du roman fraîchement paru qui enflamme le débat public, j'ai pu le vérifier ici (car on n'y aborde pas que des machins underground loin s'en faut) que d'un recueil sur le comportement des socialistes pendant la première guerre mondiale ou d'un essai de Christopher Lasch.

 

Mais voila, en fait je m'en fiche un peu. Ce qui me plaît c'est de lire ce qui m'attire, de le fixer dans un bloc de mots pour en limiter l'évaporation, et de tenir le blog. 20 000 lectures depuis novembre 2010 (je crois), c'est très bien. 20 000 c'est quand même la moitié des effectifs du stadium de Toulouse, fichtre.  

 

Quel plaisir égoïste de parler longuement d'un sujet qu'on a choisi pour soi, sans avoir besoin de céder la parole ou de la couper à autrui, d'attendre son tour, de s'imposer la liste des inscrits. Le monologue, c'est quand même une autre qualité de vie que la superposition des monologues.

 

20 000, ce n'est qu'un socle. Demain ce sera le grand bond en avant vers les 40 000 grandes voiles dehors. On y va tout droit. A moins que je sois empêché de lire. Mais il existe plein de malheurs qui laissent encore la possibilité de lire, voire qui en appellent à la fréquentation des ouvrages.

 

Il nous reste tant de possibilités. Nous n'avons pas parlé de Gogol par exemple (l'auteur russe, pas le chanteur punk) ou de Christine de Pisan. Ni de Dostoïevski, de François Villon (pas Fillon) . De Manara, du Castor ou de Guillaume Appolinaire. De Voltaire, d'Ovide, d'Antonin Artaud, de Yourcenar ou même de James Ellroy. La seule limite est de rester dans le champ de la publication reliée. Et ouais.

 

Je salue les curieux, les passants de hasard, les réguliers et appointés, les insomniaques, les quelques internautes fidèles, la famille et les copains, les auteurs cités qui pour certains sont venus jeter un oeil. Que ces derniers soient bénis, car c'est une folie de consacrer sa vie à écrire. Je salue les librairies que je fréquente et aime : Ombres blanches, les frères Fleury, terra machin truc rue gambetta à Toulouse. La Fnac aussi. Castéla, elle a fermé... Mollat à Bordeaux. Je salue les bouquinistes de nos marchés et ruelles (même si souvent ils sont ombrageux et entretiennent des tendances idéologiques suspectes). Je salue tous ceux qui agissent un tant soit peu pour qu'on ouvre des livres. Je salue les élèves qui viennent ici piquer des idées vite copiées pour leurs devoirs (ils tapent "résumé d'un Roi sans divertissement de Giono" sur google).

 

Quelle joie de fréquenter longuement des géants, des gens passionnants, des surdoués, des humains lumineux, des créateurs de mondes. Des Duras, Zadie Smith, Asimov, Freud, Maïakovski, Mme de Staël, André Breton, Montaigne, David Lodge, Catherine Millet, Alfred Doblïn, Georges Perec, Zoe Oldenbourg, René Char, Emmanuel Carrère, Irène Nemirovski, Baudelaire, Deschamps et Makaïeff, Annie Ernaux, Maya Angelou, Louis XI, Boris Vian, Perez Reverte... Et tant d'autres que vous pourrez croiser dans ce blog.

 

Voici ce que Carlos Fuentes disait d'eux : "On doit avoir très peur d'écrire. Ça n'est pas un acte naturel comme manger, ou faire l'amour. D'une certaine façon, c'est un acte contre nature. C'est dire à la nature qu'elle ne suffit pas, qu'il faut une autre réalité, l'imagination littéraire. "

 

 

 

 

 

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commentaires

S
J'aime beaucoup la citation de Fuentès ! Et je ne savais pas que Castéla (ça s'écrit plutôt comme ça non ?) avait fermé... Bonne continuation en tout cas, je ne sais pas comment tu fais pour<br /> prendre le temps de lire autant. Je suppose que tu sais la chance que tu as !<br /> Gros bisou mon pote :-)<br /> @+, Sophie
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J
<br /> <br /> Oui, castéla a fermé, à cause de la hausse du loyer... Imparable.<br /> <br /> <br /> Tu sais, je n'ai pas beaucoup d'autres passions que la lecture, à part le chorizo et le coca zéro... Donc j'ai du temps quand même...<br /> <br /> <br /> A bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : le blog d'un lecteur toulousain assidu
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Lectures de Jérôme Bonnemaison

 

Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).


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D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.

 

Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.


Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk. Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.


 

De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la  bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».


 

J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde  le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.


 

Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.

 

 

Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…


 

Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.

 

 

Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.


 

Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.  


 

Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.


 

J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.


 

Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.

 

 

Jérôme Bonnemaison,

Toulouse.

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