L'immense Spinoza (il est rare qu'il soit absent de ce blog) disait qu'on est jamais certain de voir le soleil se lever le lendemain matin.
Donc, franchement, cette histoire de 21 décembre accoutré en apocalypse n'avait que peu d'intérêt. Si les mayas avaient vraiment prévu l'avenir, ils auraient pu s'organiser pour résister à des conquistadors très inférieurs en nombre mais qui les terrorisaient avec ces monstres surgis de l'inconnu, bardés de cuir et de fer : les chevaux.
Il se trouve, ô hasard et nécessité, que ce blog atteint, juste à ce moment là, le sommet des 30 000 pages vues.
Avec toujours autant de timidité (ou de désintérêt) à laisser des commentaires (parfois j'en ai en privé cependant).
Avec toujours autant de mots clés saugrenus déposé en moteur de recherche et qui aboutissent à ce blog. A faire peur parfois...
Avec toujours autant de lycéens un peu trichouilleurs qui cherchent des "commentaires synthétiques du roman de Giono".
Avec toujours ce mystère de celui qui écrit "blog de jérôme bonnemaison" tous les mercredis pour effectuer une veille.... Pour qui et pour quoi ? Eugène Sue ou Dumas père ne sont pas là pour nous le révéler au prochain numéro.
Avec autant de succès pour mon admirée Irène Nemirovski, grande et régulière gagnante des fréquentations. Pessoa et son banquier anarchiste tirant son épingle du jeu. Mais ausi Zoe Oldenbourg et sa vie au moyen âge. Mais personne n'est tout à fait oublié par les mots clés googeulisés ou yahoutés, et tant mieux. Les oeuvres vivent. Même si l'on ne retient que quelques mots piqués dans une synthèse d'amateur. Elles essaiment. Le vent les portera.
Il y a des gens pour s'intéresser à tant de sujets méchamment baroques, à des questions indiscutablement inutiles (au sens où notre société pense l'utilité), à se tordre les méninges pour des futilités fumeuses plutôt qu'essayer de gagner de l'argent ou de passer à la télé.
Et moi, ça me plait. Alors je continue, tiens.
Je ne vais pas vous mentir encore une fois en vous disant : "nia nia nia, la lecture c'est la République, les blogs de lecture c'est la citoyenneté active".... Mouais, mouais... En vrai, c'est un plaisir d'enfant gâté. Un caprice et un loisir lascif pour des gens qui aiment à se vautrer. Lors de mes "trois jours" avant le service militaire, on me convoqua dans un bureau pour me proposer les paras (car j'avais la taille et le poids) en cherchant à m'acheter par un placement à dix mètres de chez moi... J'ai répondu que j'étais plus lecture que parachutisme avec famas en bandoulière. Le recruteur a dit : "oui chez nous c'est sûr vous ne resterez pas allongé à lire", et j'ai rétorqué : "ben moi c'est ce que j'aime dans la vie". Fin de ce dialogue constructif.
Ecrire et lire, c'est un même processus finalement. Et je trouve que j'ai eu une bonne idée de me mettre à écrire systématiquement ici après avoir clos un livre. Cela lui permet de s'inscrire plus durablement, plus nettement dans mes souvenirs. Et en vieillissant, ce n'est pas un luxe de forcer un peu sur l'aide mémoire....
Je ne sais pas si les livres aide à mieux vivre, ça se discute franchement. Mais en tout cas, quand on lit on a un visage plutôt absorbé positivement, et s'y promènent des reflets de bonheur. Parfois on lit "eureka" sur le front et les lèvres du lecteur.
Encore un grand merci au Parti Pirate de la plume. Un parti révolutionnaire par excellence. Et vive la flibuste et l'air du grand large !