Mes mille et une nuits à lire
Blog d'un lecteur assidu
"Pour moi, il est impossible de ressentir fierté ou honte par rapport à des hasards de génétique dont je ne suis aucunement responsable. Je comprends que ces mots aient pu trouver leur place dans les discours sur l'appartenance raciale, mais je ne peux...
L es étals des bouquinistes tiennent miraculeusement souvent leurs promesses. On y trouve ce qu'on n'aurait jamais l'idée de chercher sur Amazon. C'est pourquoi si la librairie meurt, les bouquinistes donneront du fil à retordre au grand capital.... Et...
H ugo Pratt avait beau être doué pour l'imaginaire, il ne sera jamais parvenu à inventer des fictions aussi incroyables que les vraies trajectoires vécues par des centaines de milliers de gens dans ces décennies centrales du vingtième siècle, moment d'expaspération...
L 'immense Spinoza (il est rare qu'il soit absent de ce blog) disait qu'on est jamais certain de voir le soleil se lever le lendemain matin. Donc, franchement, cette histoire de 21 décembre accoutré en apocalypse n'avait que peu d'intérêt. Si les mayas...
L 'armée américaine vient de rendre publique sa dernière arme : une cape d'invisibilité. Impressionnante technique de camouflage absolu destiné à semer le trouble et la terreur chez l'ennemi. Le camouflage est depuis toujours une arme décisive : depuis...
A lire "Confession d'un enfant du siècle", roman largement autobiographique écrit en 1836 par Alfred de Musset , on mesure combien on ne saurait sombrer dans des anachronismes. Combien l'Humain est historique, circonstancié, ne serait-ce qu'en tant qu'être...
E n cas de doute sur le potentiel de bonheur collectif dont l'humanité est capable, je connais un très bon antidote à effet immédiat : ouvrir un livre qui évoque la Résistance allemande pendant la deuxième guerre mondiale. Que cette résistance, très minoritaire...
Bonne année 2013 les lecteurs !!!!!!!!! L'aventure de lecteur est illimitée. Laissez vous bercer par le roulis des phrases. Elles n'en finissent pas. Elles reviennent. Elles sont gorgées de sens. Laissez vous attrister par le sort de Swann face à cette...
Quand j'ai appris l'existence de ce livre de Sam Wasson sur l'aventure Diamants sur canapé, je l'ai littéralement réclamé au papa Noel, et l'ai obtenu ! Et je n'ai pas été déçu. J'aime les livres qui, parce que l'auteur ne singe pas sa passion, s'imprègnent...
V otre serviteur est un amateur avide des films loufoques des frères Coen et n'a ainsi pu résister à acquérir, en tombant dessus, le très sérieux ouvrage que leur consacre les éditions du CNRS... Signé par Julie Assouly , universitaire spécialiste de...
U n portrait de la féministe en gorille géant qui détruit tout sur son passage parce que .... no future.... C'est la voie que propose Virginie Despentes dans ce manifeste singulier et intéressant: "King Kong théorie". Je viens de me décider à lire Despentes....
L e monde est fou, fou, fou, voyez-vous... chantait Pauline Ester, une diva de par chez moi. Et difficile de lui donner tort. Et ça ne date pas d'aujourd'hui. On s'en persuade en lisant l'essai passionnant, alerte, fin et accessible, de Richard E Rubenstein...
Christine de Pisan , qui vécut les temps peut-être les plus agités de la guerre de cent ans : la guerre civile entre armagnacs et bourguignons en particulier, la reconquête ensuite, est la première femme de lettres française identifiée par nos historiens...
D ans "Saint-Germain ou la négociation ", petit roman fignolé, élégant et mélancolique, Francis Walder , diplomate de son état, se transporte à l’époque des guerres de religion qui ravagèrent la France de l’âge moderne, afin de nous parler de son métier....
" Si donc on nous demande où est l'état de nature nous répondrons : il est ici ; et peu importe d'où l'on parle, de l'ïle de Grande Bretagne, du Cap de Bonne Espérance ou du Détroit de Magellan". Ferguson N ous vivons dans un monde où a triomphé l'idée...
Depuis que je suis né, dans les seventies, j'ai toujours ouï dire que l'on était "en crise". Seule une petite période, entre 1997 et 2000 disons... (grappe d'innovation technologique autour des NTIC pour appliquer mes bribes de Schumpeter) a un peu échappé...
"Ni réforme, ni révolution, ni société de gestion de l'existant, mais développement infini de la puissance". A u nom de quoi militer pour changer la société ? Est-ce encore possible ? Sous quelle forme ? Est-ce que ça vaut le coup de s'y atteler ? Ou...
L'art est politique. Il n'y a pas d'esthétique neutre, car la culture interpelle, intervient dans la société. L'art a toujours une dimension sociale, ne serait-ce que par son retrait (si on suit Sartre, la passivité est une action), mais dire cela ce...
D ans "Eloge de la confiance", son essai philosophique sage et presque humble, Michela Marzano surligne l'incohérence de la société libérale à travers son incapacité à intégrer la notion de confiance entre humains. Michela Marzano (que je connaissais...
D ans mon adolescence eighties, j’aimais naturellement le funk et ses dérivés. Sans forcément m’en rendre compte, car c’était un volet majeur de la B.O de ma génération, de ses loisirs et de son éducation sentimentale. En tout cas dans le milieu social...
J e parle aujourd'hui d'un livre venu des étoiles. Dont je n'avais jamais entendu parler et qui m'est tombé dessus. Un cadeau de la Providence, ou si l'on préfère, pour être tout à fait spinoziste, de la nécessité. Tellement il correspond à ce que j'aime....
J ours de canicule. Il en est même difficile de lire. Je suis dans un profond roman qui m'est tombé dessus comme ça, venu du ciel. Mais trop tôt pour en parler, ce sera pour la prochaine. ... Donc : petite pause poétique !!! Eh oui ! Les féministes, enfin...
J' aurais du vous parler aujourd'hui des écrits de Walter Benjamin sur Baudelaire. Mais voila je n'y comprends rien ou si peu. Et ça m'exaspère... Donc, au mieux j'y reviendrai un de ces jours, au pire je livre ces essais littéraires obscurs aux brasiers...
J e n'essaierai pas forcément de vous persuader de lire " Capitalisme, désir et servitude (Marx et Spinoza)" de Frédéric Lordon ... Il est des moments où la machinerie technique dingue qui vous envahit et vous condamne à l'hétéronomie, mais encore votre...
P lacer d’éminentes médiocrités à de brillantes fonctions, ce n’est pas l’apanage de notre époque, loin s’en faut. Je ne sais pas si c’est rassurant. C’est ainsi que la Société Royale des Sciences du Danemark organisa en 1810 un concours de philosophie...
Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).
D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.
Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.
Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk.
Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.
De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».
J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.
Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.
Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…
Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.
Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.
Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.
Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.
J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.
Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.
Jérôme Bonnemaison,
Toulouse.