Mes mille et une nuits à lire
Blog d'un lecteur assidu
L a richesse, c'est le travail un point c'est tout. Le travail accumulé, certes. Le travail réinvesti bien sûr. Mais le travail toujours. L'idéologie économique dominante, malgré les preuves sans cesse apportées, ignore cette loi d'airain. Fait mine de...
M oins de cent pages pour illustrer, par le récit tout simple d'un incident de bureau, tout le tragique de la condition humaine. Telle est la grandeur de "Bartleby" d'Herman Melville. En deux heures de lecture tout au plus, appâté par un style classique...
L e Ministre de la Culture - est-ce un hommage à Tartuffe ? - prétend avoir "relu" Céline avant de le retirer des célébrations officielles de 2011. Y avait-il besoin de "relire" pour savoir que Céline fut un des pamphlétaires antisémites les plus violents...
J e n'aimais pas vraiment "le français" au collège, malgré certains succès. Mais je suis resté marqué par la lecture de l'"Odyssée " en 4ème (avec une petite prof, qui me paraissait très âgée, Mme Arthis, qui portait blouse blanche, et ressemblait à une...
Q uelques livres parmi tant d'autres qui n'existent pas et que j'aimerais lire : - "Mémoires", Jean Moulin - "Mes vacances avec Scarlett Johansson et Catherine Zeita Jones", Jérôme Bonnemaison - "Les succès de mon deuxième mandat", Barack Obama - "Stade...
"Il y a ceux qui commandent aux mots et ceux qui commandent aux faits : tu dois comprendre qui commande aux faits et faire mine de croire ceux qui commandent aux mots. Mais au fond de toi, tu dois toujours savoir ce qui est vrai : ceux qui commandent...
L es "Partageux" peuvent, doivent relever la tête. Ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon, André Chassaigne ou Olivier Besancenot qui le disent, mais le duo d'économistes Patrick Artus et Marie-Paule Virard, dans leur dernier essai, on ne peut plus clairement...
Au temps d'"Amazon" et du livre électronique, à quoi servent les librairies ? D'abord un petit hommage aux librairies que je fréquente. A Toulouse, il y a évidemment "Ombres blanches". Où l'on croise souvent, me dit-on, la fille - aujourd'hui Dame très...
A Noël on offre des "Beaux Livres". Moi je m'en suis payé un, bien cher. Je suis comme ça. "Le sens de la tribu, Jérôme Deschamps/Macha Makeiëff" (Actes Sud) est un beau livre, aux sens technique comme général. Il illustre et raconte, à trois voix, le...
U ne année de lecture s'achève. Avec une bibliothèque qui s'alourdit. En prenant de l'âge, on sait mieux se diriger dans les rayons des librairies, et on se connaît mieux. On trouve plus facilement les livres qu'on va aimer. D'après ce que j'ai lu (et...
J 'ai reçu quelques mails et des commentaires me reprochant, certes poliment, de m'en prendre au charismatique Michel Onfray. Je vais donc développer ma pensée à ce sujet. Une deuxième couche en quelque sorte. Il faut bien polémiquer un peu. En préalable,...
J e me permets de suggérer à tout lecteur passionné de conserver, dans sa file d'attente de futures lectures, quelques "classiques". Particulièrement de petits romans comme des intermèdes délicieux, des gourmandises rares que le diabétique se permet de...
Quel petit garçon (d'un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître) n'a frémi devant une vitrine de magasin de jouets présentant des soldats de plomb de "la grande Armée" napoléonienne ? Je suis allé quatre fois en Corse par bateau depuis...
L 'autre jour, un ami qui a récemment retouvé ses racines rurales m'a donné, sur un malentendu, l'idée d'écrire un Post sur Isaac Asimov. Bonne idée, que j'exécute. La Science fiction est considérée, qu'on le veuille ou non, comme un genre mineur, une...
J'hésitais à lire Mario Vargas Llosa. Ses prises de position sur l'Amérique Latine ne m'ont jamais enchanté. Et puis j'avais essayé de lire en espagnol "Los cachorros" (les chiots) et ça m'avait déprimé (mon niveau en castillan, pas le livre). Pour mon...
U n type s'avère aigri et ambitieux. Il veut prendre le pouvoir. A cette fin, il cherche à rassembler tous ceux qui ont une raison quelconque d'en vouloir aux chefs en place : les perdants, les fainéants, les oubliés, les envieux, les cupides, les ulcéreux....
D ésormais, tout le monde est écologiste. Ou plus personne, on ne sait plus. Nous pouvons donc nous lancer dans certaines lectures écologiques, sans craindre de nous transformer en barbus débraillés déambulant entre le stand vêtements mangeables et l’atelier-débat...
J e n'aime pas Michel Onfray. Je parle de l'auteur, pas de l'intellectuel engagé ni de l'homme. Ce dernier me semble tout à fait sympathique. Mais son oeuvre dite "philosophique" et sa réputation tiennent un peu de l'imposture, beaucoup d'un art consommé...
Inte llectuel africain mondialement reconnu, Achille M’bembé signe avec sa « Critique de la raison nègre » un essai qui m’a plu sur le fond par son courage à affronter les versants contradictoires d’un drame gigantesque, même s’il me parait surtout synthétiser...
" La nouvelle pornographie" de Marie Nimier , petit roman intimiste écrit en 2002, n'a rien d'un manifeste pour le renouvellement du genre porno. C'est le moins que l'on puisse dire. Marie Nimier s'y met en scène face à la commande d'un éditeur qui lui...
Les hors séries Télérama sont vraiment de véritables "mooks". Mélange de livre et de magazine, réalisé avec soin et souci de l'inédit. Une oeuvre utile, un respect du lecteur qui ne court pas les couloirs du monde journalistique. J'aime beaucoup celui...
Au nom de quoi s'unir pour changer le monde ? Car pour tenter de le changer, on doit articuler une statégie, réunir des blocs sociaux au nom d'une idée rassembleuse. La faiblesse des dominés c'est largement leur division, et ce depuis toujours. Or personne...
N os temps sont obscurs. Il n'est donc pas inutile de se demander comment une époque lumineuse apparaît. Pas pour y chercher une quelconque recette qui n'existe pas, mais peut-être pour se rassurer, trouver des raisons d'espérer... Car parfois, souvent...
Jean-Claude Michéa , orwellien proclamé, essaie de défendre les positions d'une gauche populaire. Pas une gauche fantasmant le peuple, s'adressant au peuple depuis des sommets légitimes, finalement condescendante. Mais une gauche étoitement liée à son...
F ranciliens ! Vous ne mesurez pas, avouez-le, la chance qui est la vôtre. Vivre à la portée des joyaux de la création humaine. Vous n'en profitez pas assez. J'ai vécu deux ans et demi à Paris, j'y ai puisé certes, mais j'ai honte d'avoir cependant raté...
Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).
D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.
Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.
Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk.
Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.
De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».
J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.
Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.
Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…
Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.
Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.
Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.
Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.
J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.
Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.
Jérôme Bonnemaison,
Toulouse.