Mes mille et une nuits à lire
Blog d'un lecteur assidu
A près avoir tellement apprécié mes lectures de Max Brooks sur les zombies (World War Z, Manuel de survie en territoire zombie), j'ai voulu approfondir et comprendre cette fascination, que je partage, pour les morts vivants. Qu'est ce qui se joue dans...
L'humanité est elle condamnée à se coltiner cet appareil séparé, aliénant, coercitif, asphyxiant, et désormais "décentré" des enjeux réels que l'on nomme l'Etat, ou peut on imaginer d'autres formes d'organisation politique ? Telle est la vieille question...
J 'avais plutôt apprécié le précédent roman de Patrick Deville dédié à Yersin (chroniqué il y a quelques mois), mais je trouve qu'il nous refait un peu le même coup et que ça se voit encore plus .. Se servir de son objet comme qualité du récit. De l'Histoire...
Il se trouve que l'ours me fascine. Je ne suis pas le seul. J'ai tous les enfants avec moi, John Irving s'il vous plait (et son merveilleux personnage déguisé en ours dans l'"Hôtel New Hampshire") et maintenant Joy Sorman , talentueuse et éclectique auteure...
I l existe une méthode scientifique consistant à colorer une rivière pour tracer le véritable parcours souterrain des eaux, lors des résurgences. En pointant le bout de son nez rouge la rivière témoigne des courants souterrains. Les transfuges sociaux,...
U n roman qui poursuit une cause juste est il nécessairement un bon roman ? Non. C'est en tout cas mon avis de lecteur. Je vais ici dire que je n'ai pas aimé le roman dont il s'agit, en l'occurence "Dragon bleu, tigre blanc" de Qiu Xiaolong . Donc que...
Les livres de Florence Aubenas devraient être rendus obligatoires pour tous ceux qui aspirent à des responsabilités publiques au sens large, tellement ils sont salubres (non, bien entendu, quel sacrilège de parler de lecture obligatoire... même pas la...
"Ses ailes de géant l'empêchent de marcher" La postérité de Milena Jesenska a deux sources : d'abord sa brève, chaste, épistolaire histoire d'amour incandescente avec celui dont elle fut la traductrice : Franz Kafka, qui occasionna des lettres d'amour...
Julia Kristeva , une de nos grandes intellectuelles, si discrète, munie d'un style élégant, empathique, vibrant malgré la profondeur de ses analyses, nous aide dans un essai déjà un peu ancien, "Soleil noir -dépression et mélancolie" à sortir de l'enfer...
Q u'est ce qui fait que Nancy Cunard devient cette tornade scintillante qui écuma le temps des avant-gardes ? Les explications psychologiques donnent une idée, mais comme chacun elle aurait pu aller dans une toute autre direction. C'est toujours le mystère...
L a grande crise du capitalisme, déclenchée par l'explosion de la bulle spéculative, de 2008 a été l'étincelle déclenchant des mouvements massifs d'expression populaire dans le monde entier, aux sorts différents. Sandra Laugier, philosophe, et Albert...
François Xavier Bellamy est Maire Adjoint, figure montante de l’UMP, et « philosophe » (c’est-à-dire qu’il a des diplômes… On est en France. En france on est "philosophe" quand on a un diplôme (agrégé, normalien) et qu'on publie. Alors on se dit "philosophe"....
David Graeber se sent un peu seul parmi ses collègues anthropologues. Cette figure du mouvement occupy wall street, s'affirmant comme une voix qui compte dans la contestation mondiale, s'assume comme "anarchiste" (selon la traduction, qui a préféré ce...
Q uand on a lu un auteur au long cours, on ne sait pas trop pourquoi notre perception évolue. C'est moi qui mute, devenant plus exigeant, moins candide et impressionnable ? C'est l'auteur qui change ? On se croise sans doute. Oui. En tout cas ma lecture...
"Il y a quelque chose dans notre âme qui répugne à la véritable attention beaucoup plus violemment que la chair ne répugne à la fatigue. Ce quelque chose est beaucoup plus proche du mal que la chair. C’est pourquoi, toutes les fois qu’on fait vraiment...
Et si ce grand mourant qui ne veut pas mourir, qui essaie d'entraîner avec lui tout le monde par le fond avec lui, indignement, passait sur le divan, qu'en serait- il ? Je vous parle ici de deux essais qui tentent de psychanalyser le mode de production...
L a vie est égrénée de deuils. Les générations vivant aujourd'hui auront connu, comme les précédentes depuis l'accélération de l'Histoire qui commence avec la Révolution française, bien des tournants. Nous avions cru que Dieu était mort, et son cadavre...
Et si je n'avais pas lu Machiavel, Cicéron ou Thierry Jonquet ? Et si je n'avais pas lu " de la beauté" de Zadie Smith, aurais'je compris qu'il est si difficile d'être soi, pour tant d'entre nous ? Si je n'avais pas lu Proust, et méprisé autant qu'aimé...
Vous en conviendrez... Il y a de quoi être inquiet. Nous sommes en février 2015. Nous devrions être méfiants, même, envers qui ne l'est pas, envahi d'inquiétude. Foncièrement. Qui peut se sentir "confort" dans un tel monde ? Et si la lecture était une...
Je lis beaucoup d'essais, moins de romans, peut-être pour un temps. Pour des raisons qui renvoient à cette note de blog, simplement. Le pire étant annoncé, on peut être tenté de chercher s'il est nécessaire de s'y résoudre, et comment (on peut se résoudre...
"Toute licence en art"... Cette expression provient d'un dialogue fameux entre les exilés André Breton et Léon Trotsky qui s'essayèrent à écrire un manifeste pour la culture. Contre toute attente, c'est l'ancien dadaïste Breton qui proposa un "sauf si"...
L es éditions Climat ont eu la bonne idée de retrouver et de faire paraitre un vaste entretien de Susan Sontag avec le rédacteur en chef de Rolling stone, datant de 1979. Sous le titre "Tout et rien d'autre", qui va comme un gant à cette grande intellectuelle...
« Les mots et les choses » est un livre pharaonique, qu’il est bien difficile de synthétiser, tellement il ouvre de portes sur des salons particuliers luxuriants où l’on pourrait (devrait) se poser longuement, au lieu de devoir parcourir le Louvre en...
. (Partie 2 de l'article, voir partie 1 article précédent sur le blog) (...) Un cœur de pensée national socialiste (la critique de Karl Lowith) C’est un ancien de ses étudiants qui le dit : « Les implications politiques immédiates, c’est-à-dire nationales-socialistes,...
Savez-vous que quand vous pratiquez de la sophrologie vous avez usage d’un outil dérivé de la philosophie de la conscience, ou phénoménologie ? Il est d’ailleurs étonnant de constater la ressemblance entre techniques sophrologiques « cadurciennes », issues...
Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).
D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.
Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.
Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk.
Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.
De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».
J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.
Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.
Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…
Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.
Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.
Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.
Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.
J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.
Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.
Jérôme Bonnemaison,
Toulouse.