Mes mille et une nuits à lire
Blog d'un lecteur assidu
" Mes mille et une nuits à lire" vit ses derniers feux, et va progressivement s'éteindre pour renaître dans un projet culturel plus large. Un blog culturel tous azimuts. Plus personnel sans doute aussi, plus libre et foisonnant. J'y publierai tout d'abord...
"François s’accrochait pour sauver sa vie. Pas étonnant qu’il fût terrifié de mourir ! De fait, combien de temps peut-on se cramponner ? Chaque tension résulte de la façon dont nous nous cramponnons à notre « chère vie ». Littéralement, peu importe les...
O n sait Michel Tournier grand philosophe, grand psychologue. Grand romancier. C'est à dire tout cela, et le style pour le servir. Pourquoi revenir encore une fois à un récit de ce duo de prime abord inexpliquable entre Jeanne d'Arc et Gilles de Rais...
« C’est seulement la conscience de l’origine juridique, politique – et plus tard théologique – du vocabulaire des savoirs de l’Occident qui pourra permettre de libérer la pensée des liens et des signatures qui l’obligent à avancer presque aveuglément...
C hristopher Lasch, grand psycho sociologue, lie l’expansion déconcertante des névroses narcissiques au néo libéralisme (voir son essai dans ce blog sur la culture du narcissisme). A raison. Mais sans doute notre ami manque-t-il de profondeur de champ,...
Des livres sur Daesh, on n'en manque pas. Çà pleut. Jean-Louis Comolli en publie un, d'un point de vue inédit et original. " Daesh, le cinéma et la mort" n'est pas seulement un essai, méditation un peu décousue, comme rédigée au fil de l'eau, sur la manière...
Let the poets pipe of love in their childish way I know every type of love Cole Porter J’apprécie les livres de Ruwen Ogien , qui de son propos toujours extrêmement simple, dénué de tout jargon, bref démocratique, déboulonne ce qui subsiste des pensées...
Pasolini était un prophète, intellectuellement. Il a saisi très vite toutes les implications de l'apparition d'un capitalisme de consommation, en avance sur son temps, et a subi toute la violence de cette conscience là, presque incommunicable. Cette violence...
J'ai découvert l'existence d'Aristides de sousa mendes dans l'essai, chroniqué dans ce blog,de Jean François Bayard, où il se demande s'il eut été résistant ou bourreau et s'interroge sur ce qui peut créer des être infiniment justes et courageux. Bien...
Quelle est la différence entre une poésie et une chanson ? Et bien, une chanson est faite pour être jouée, et une poésie pour être lue. Simplement. Mais on peut lire tous les textes de chanson. Alors ? Zaz n'est pas de la poésie. On le sent, on le sait....
Il s'agit d'un long essai écrit en 1991, qui a marqué, dit-on, la pensée de ce qu'on qualifie de "post modernité" : notre temps. Il est écrit par un marxiste américain, et réédité aux très sélectives éditions des beaux Arts de Paris. Je ne le conseillerai...
« Celui qui cherche dans mes yeux autre chose qu'une interrogation perpétuelle devra perdre la vue ; ni reconnaissance ni haine » . Les œuvres de Fanon sont nerveuses, électriques. La révolte jaillit dans une prose pressée, dense, ballottée ; trop parfois,...
Penser, pour la plupart des penseurs, c’est ordonner. Or, Clément Rosset dégage, dans son ouvrage « Logique du pire, éléments pour une philosophie tragique », une lignée philosophique qui, à l’encontre des courants dominants de la pensée, ne pense le...
La phrase "tout est politique" est mal comprise. Tout a une part de politique, sans doute, tout nous relie, mais tout n'est pas réductible à la politique, tout ne doit pas relever de l'affrontement politique, du volontarisme des pouvoirs, de la manipulation...
La regrettée Viviane Forrester nous a offert il y a de cela quelques années une magnifique biographie de Virginia Woolf. A vrai dire une des plus belles biographies que j’ai eu l’occasion de lire, moi qui en suis friand. Influencée indéniablement par...
D ès l’entame de la « Promenade au phare » de Virginia Woolf on crie au génie. Un génie qui s’exprime aux antipodes d’autres génies littéraires. Woolf c’est le contraire absolu du minimalisme littéraire, celui de Dashiell Hammett (« Moisson rouge« ) qui...
" All connected" Lester, flic de baltimore, the wire " The Wire" (sur écoute) est à ce jour ma série préférée. Et pourtant des séries de grand souffle il y en a. Je ne suis pas le seul fasciné par cet objet artistique sans comparaison, qui a pour particularité...
Le tout début de l'Empire Romain est décidément un miracle littéraire. Cicéron, Virgile, Ovide ... Ouah. La question se pose de savoir s'il y a des conditions générales à dégager pour décrire un "bain" propice au génie littéraire. A vrai dire, c'est une...
Eric Chauvier est un intempestif. Cet anthropologue, qui s'était illustré il y a un ou deux ans (voir dans ce blog) par une défense des périurbains (subsumés par la critique de la périurbanité), dans un essai abruptement titré "contre telerama", élargit...
E n plus de rétablir la mémoire d'une infamie oubliée, Silvia Federici enrichit la compréhension de notre Histoire, et de la violence intrinsèque à notre monde moderne, avec "Caliban et la sorcière (femmes , corps et accumulation primitive )", un bel...
J 'ai passé mes vacances dans une région relativement désertique. Qui dit désert dit politique. Non pas parce que nous désertons la politique et qu'elle est un désert mais parce qu'elle est ce qui peuple le désert, ou si l'on préfère, ce qui permet de...
C'est le roman d'un style : le flux. "L'apocalypse des travailleurs" de Valter Hugo Mae, quadra portuguais débarquant en traduction en France, est avant tout cela : l'utilisation d'un style particulier. Qui a du sens pour narrer l'histoire dont il s'agit....
Ce livre rédigé dans les années 70 est un brillant plaidoyer, certes parfois foutraque, car on aimait bien à cette époque pousser les feux par principe... pour une pensée qui ne considèrerait pas la science comme une nouvelle théologie. Paul Feyerabend...
O n doit remercier Ernest Renan, qui a écrit une "vie de jésus", livre surprenant (que j'ai lu il y a quinze ans) et sans lequel Emmanuel Carrère n'aurait peut-être pas eu l'idée d'écrire ce magnifique projet littéraire et spirituel : "le Royaume". Renan...
Deleuze et Guattari, Gilles et Félix de leurs prénoms, sont cités, cités, cités. Particulièrement "l'anti -oedipe" et "Mille plateaux". J'avais lu Deleuze à propos de Spinoza mais je n'étais pas entré de première main dans le trio majeur "Capitalisme...
Un sociologue me classerait dans la catégorie quantitative des « grands lecteurs » (ce qui ne signifie pas que je lis bien…).
D’abord, tout petit, j’ai contemplé les livres de mes parents qui se sont rencontrés en mai 68 à Toulouse. Pas mal de brûlots des éditions Maspero et autres du même acabit… Je les tripotais, saisissant sans doute qu’ils recelaient des choses considérables.
Plus tard, vint la folie des BD : de Gotlib à Marvel.
Et puis l’adolescence… pendant cette période, mes hormones me forcèrent à oublier la lecture, en dehors des magazines d’actualité, de l'Equipe et de Rock’n Folk.
Mais la critique musicale est heureusement lieu de refuge de l’exigence littéraire. Et il arrive souvent aux commentateurs sportifs de se lâcher.
De temps en temps, je feuilletais encore les ouvrages de la bibliothèque familiale A quatorze ans, je n’avais aucune culture littéraire classique, mais je savais expliquer les théories de Charles Fourier, de Proudhon, et je savais qui étaient les « Tupamaros ».
J’étais en Seconde quand le premier déclic survint : la lecture du Grand Meaulnes. Je garde le sentiment d’avoir goûté à la puissance onirique de la littérature. Et le désir d’y retoucher ne m’a jamais quitté.
Puis je fus reçu dans une hypokhâgne de province. La principale tâche était de lire, à foison. Et depuis lors, je n’ai plus vécu sans avoir un livre ouvert. Quand je finis un livre le soir, je le range, et lis une page du suivant avant de me coucher. Pour ne pas interrompre le fil de cette "vie parallèle" qui s’offre à moi.
Lire, c’est la liberté. Pas seulement celle que procure l’esprit critique nourri par la lecture, qui à tout moment peut vous délivrer d’un préjugé. Mais aussi et peut-être surtout l’impression délicieuse de se libérer d’une gangue. J’imagine que l’Opium doit procurer un ressenti du même ordre. Lire permet de converser avec les morts, avec n’importe qui, de se glisser dans toutes les peaux et d’être la petite souris qu’on rêve…
Adolescent, j’ai souvent songé que je volais, par exemple pour aller rejoindre une copine laissée au port… Et la lecture permet, quelque peu, de s’affranchir du temps, de l’espace, des échecs , des renoncements et des oublis, des frontières matérielles ou sociales, et même de la Morale.
Je n’emprunte pas. J’achète et conserve les livres, même ceux que je ne lis pas jusqu’au bout ou qui me tombent des mains. Ma bibliothèque personnelle, c’est une autre mémoire que celle stockée dans mon cerveau. Comme la mémoire intime, elle vous manque parfois, et on ne saurait alors dire un mot sur un livre qu’on passa trois semaines à parcourir. Mais on peut à tout moment rouvrir un livre, comme on peut retrouver sans coup férir un souvenir enfoui dans la trappe de l’inconscient.
Lire est à l’individu ce que la Recherche Fondamentale est au capitalisme : une dépense inutile à court terme, sans portée mesurable, mais décisive pour aller de l’avant. Lire un livre, c’est long, et c’est du temps volé à l’agenda économique et social qui structure nos vies.
Mais quand chacun de nous lit, c’est comme s’il ramenait du combustible de la mine, pour éclairer la ville. Toute la collectivité en profite, car ses citoyens en sont meilleurs, plus avisés, plus au fait de ce qui a été dit, expérimenté, par les générations humaines. Le combat pour l’émancipation a toujours eu partie liée avec les livres. Je parie qu’il en sera ainsi à l’avenir.
J’ai été saisi par l'envie de parler de ces vies parallèles. De partager quelques impressions de lecture, de suggérer des chemins parmi tant d’autres, dans les espaces inépuisables de l’écrit. Comme un simple lecteur. Mais toujours avide.
Je vous parlerai donc des livres que je lis. Parlez-moi des vôtres.
Jérôme Bonnemaison,
Toulouse.